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Rando d'un mois en Bretagne : compte-rendu

Sujet commencé par : Danae - Il y a 266 réponses à ce sujet, dernière réponse par idylle39
5 personnes suivent ce sujet.
Par Danae : le 11/01/14 à 17:47:34

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 Bonjour à Tous !

L’été dernier, j’ai accompli un vieux rêve en accomplissant une randonnée d’un mois sur les chemins bretons avec mon compagnon, mon chien, et bien sûr Eden, mon trotteur.

C’était une expérience magnifique, environ 350 bornes de bonheur, que je souhaite à chacun d’avoir l’occasion de vivre un jour. J’aimerais vous la faire partager via ce post, afin de vous faire profiter des belles images, des bons plans, des idées qui nous ont aidés, mais également de nos erreurs.

En effet, je n’aurais pas aussi bien planifié cette randonnée sans les expériences des autres cavaliers randonneurs dont j’ai pu profiter via ce forum, notamment grâce à de très beaux journaux de randonnée très bien écrits ; et j’aimerais rendre la pareille à ceux qui pendant les mois d’hiver rêvent de préparer leur premier long périple pour la belle saison.

C’est pourquoi je vais essayer de donner les détails techniques qui m’ont particulièrement aidés, en plus de vous raconter nos aventures ! Je m’aiderai d’un journal de rando que j’ai tenu jusqu’à la moitié du parcours, après quoi j’ai eu grave la flemme, comme il se doit pendant les vacances. Mais je me souviens de tout.
Lecteurs non assidus s’abstenir, ce sera pavé sur pavé ! Mais je vous promets une lecture aussi agréable que possible !

J’espère que ça vous plaira !

Messages 121 à 160, Page : 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7

Par Danae : le 29/01/14 à 16:05:42

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 Woahw ! pour une grande fan de science fiction comme moi, c'est du pain béni ! C EST TROP BIEN ce qu'elle écrit !


Muhuhu j'adore ce forum :3

Par csabrina : le 30/01/14 à 12:49:47

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 bien joli periple, ca donne envie !.

Je trouve juste un peu déplorable les passages illégaux... parce que se moquer des gens qui vous regardent de travers, alors que tu dis fièrement que vous avez volé un poulet et que vous vous appretiez à voler un canard... euh... en fait, ils ont raison de se méfier de vous, tu ne trouves pas ?

Personnellement, j'accueillerais avec plaisir des randonneurs à dormir dans mon jardin... par contre, si je découvre qu'ils font comme vous à voler les gens, ils repartiraient avec un coup de pied aux fesses, si ce n'est pas la gendarmerie

Une randonnée, aussi longue soit-elle, ne justifie pas quelque vol que ce soit... Pourquoi ne pas aller voir le fermier tout simplement, en lui demandant s'il est d'accord pour vous vendre un poulet

Par csabrina : le 30/01/14 à 12:52:43

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 d'ailleurs, pouletto.... pour qu'il soit aussi peu sauvage dès le départ, tu ne t'es pas dit qu'il pouvait être la poule d'un gamin ?
Quand j'étais petite, chez ma grand mere, il y avait un peu tous les animaux de la ferme, et on avait un peu nos préférés.
Autre exemple, ma mere a un petit poulailler, et ses poules, ce sont ses animaux de compagnie : elle les porte, elle est caresse, il y en avait meme une qui vivait en liberté et rentrait parfois dans la cuisine... quand elle est morte, elle en a limite pleuré !

Par Danae : le 30/01/14 à 13:52:07

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 CsaBrina, je comprends que tu trouves notre attitude répréhensible, c'est normal, on a pas toujours été sages.

Pour tenter de t'expliquer notre point de vue sur la question...

On a volé les gens pour de bon en deux occasions : Pouletto est issu d'un élevage en plein air, où des poules noires étaient concentrés par centaines sur un petit périmètre, donc le coup de la poule apprivoisée j'y crois moyen. Mais c'est vrai que sur le principe, c'est pas terrible. Disons que le nombre de poules dilue notre culpabilité : le vol était pour ainsi dire invisible.

Pour la seconde occasion, on y arrivera bientôt dans la suite du récit : on a volé une poule dans un élevage intensif, et on l'a relâchée dans un autre poulailler où elle pourrait vivre en plein air. Pour le coup le geste était plutôt politique, aussi futile et stupide puisse-t-il sembler d'un point de vue différent.

Bon, c'est vrai qu'on est pas des anges, et oui, on est un peu cons parfois, mais je t'avoue que je ne regrette rien. Peut-être qu'un jour mes gosses feront la même chose, et si ça se trouve, je leur collerai en effet un bon coup de pied au cul, va savoir ! Désolée de t'avoir choquée, mais je prends le parti de vous livrer ce voyage sans enjoliver nos conneries


Par Danae : le 30/01/14 à 15:15:26

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La suite !
 
(Désolée pour la rareté des photos, on a vraiment progressivement oublié d'en prendre au fil du voyage)

Jour 24

Après un petit déjeuner de biscuits trempés dans le café, je profite du soleil pour faire sécher mon duvet, et tenter de nettoyer un peu la peau de mouton noire. Elle a pris un tel coup de crasse depuis le début du voyage qu’elle commence à sentir plutôt le bouc. Merlin me montre comment en nettoyer l’envers au charbon de bois, avant de la mettre à sécher sur un trépied bricolé. S’ensuit une toilette magique au bord de l’une des cuvettes du ruisseau à demi asséché : on se croirait dans une allégorie du 18ème, avec naïades et compagnies. A compter que les naïades aient pu avoir les cheveux emmêlés et la peau qui pèle, ou alors une barbe de trois jours à la pousse hétérogène. Une fois les cheveux propres et notre bain achevé, nous cherchons des petits poissons dans les flaques condamnées à l’assèchement, que nous relâchons dans la cuvette. Merlin me montre une espèce rare, à la peau lisse et argentée, un peu semblable à un gobie, planqué dans le sable humide pour résister à la chaleur. Le trou d’eau abrite également de petites truites, promptes à se cacher.

Chacun notre tour, nous remontons le ruisseau parmi les roches pleines de mousses et les ronces, pour essayer de voir d’autres poissons. Je découvre un trou d’eau noire et profonde sous un vieux pont branlant en plein dans le sous-bois, ou des ombres froides me frôlent les jambes avant de se mêler à d’autres ombres sous les rochers noirs. Les rayons de lumière qui filtrent le bois vermoulu trouent l’obscurité de l’eau, et dans ces trouées d’un jaune aquatique ondulent silencieusement les corps souples et lisses de poissons dont j’ignore le nom. Ils se maintiennent au soleil à petits battements de nageoire, l’air haletants, jusqu’à ce qu’ils me voient et filent dans l’ombre comme des flèches. Je suis tirée de ma transe lyrique par le cruel dilemme de Kinaï, qui depuis le début de la ballade s’arrange pour ne pas trop se mouiller, et qui face à la profondeur de l’eau couine avec désespoir. S’il veut me rejoindre, il devra nager. Je hurle de rire quand il se jette à l’eau et se précipite sur le tronc d’arbre qui lui barre le passage, les pattes tendues et toutes griffes dehors, et reste là, pendouillant à moitié dans la flotte, avec l’air naufragé d’une tartine qui coule dans un bol de chocolat et perd toute sa confiture. Désolée pour la métaphore, mais je n’ai pas meilleure image pour rendre le désespoir de ses yeux chavirés. Je le sauve, et nous découvrons un peu plus loin une sorte de clairière aux fées. Il n’y a pas d’autre mot : le ruisseau peu profond a changé ses rochers contre un petit banc de sable à moitié couvert d’eau, où affleurent des roches plates. L’endroit est enfoui au milieu d’une forêt de ronces et de jeunes arbres, qui bouillonne au-dessus de ma tête. Dans le soleil dansent des dizaines de libellules bleues et vertes, et des papillons viennent boire sur les pierres chaudes. Je reste là longtemps, béate, à jouer avec le sable brun-doré comme une gosse qui croirait à de l’or.

Après mon retour, j’embarque Eden dans une petite reconnaissance de l’autre partie du sous-bois. Nous dévorons le chemin au petit galop ; Eden adore la forêt, et goûte avec une sorte de plaisir féroce cette escapade. Le chemin se réduit peu à peu et nous entraîne sur des coteaux escarpés, pour finir en cul de sac. Retour au camp.

Nous décollons vers midi et passons Malensac après avoir franchi la quatre voies. Notre objectif : Rochefort-en-terre, marqué sur notre carte d’un tas de petits sigles qui ont l’air de vouloir dire « joli ». Arrivés aux abords de l’endroit, la route se met progressivement à monter, et un examen plus attentif de la carte nous révèle en effet que le village est perché sur une véritable crête de roche. Nous sommes déjà silencieux depuis un moment : il y a magnétisme étrange dans ce paysage. La terre est forte, et l’endroit mérite son nom. Arrivée en haut de la côte qui monte au village, nous ouvrons de grands yeux : l’endroit est incroyable. Nous hallucinons tellement que nous oublions de prendre la moindre photo. Désolée pour la minute touristique volée à internet, mais les mages valent le détour :



Par Danae : le 30/01/14 à 15:36:14

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 Autant dire que déambuler dans ces rues avec Eden ne dépare pas le paysage : personnellement, je suis en plein trip moyenâgeux. Nous croisons les premiers touristes étrangers de notre voyage : autour de nous des voix enjouées ou perplexes commentent le passage de notre caravane en allemand, espagnol, en anglais et dans des dialectes plus obscurs, rendant l’ambiance un peu magique. Ici, les touristes se promènent en famille, et semblent tous aussi propres et fleuris que les rues qui les entourent, et nous voyons autant de sourires s’épanouir à notre passage que de sourcils se froncer. Après quelques lacets, nous débouchons sur la place de l’église, et demeurons muets devant la vieille bâtisse tachetée de lichens, écrasante de puissance et de beauté. Les pierres de ses murs prennent la lumière d’une étrange façon, à cause des taches de lichens, des mousses et des imperfections marquant les sculptures comme la peau d’un ancêtre. Ses portes massives se dressent devant nous, et nous levons le nez vers les béliers sculptés qui en gardent l’entrée, et disputent aux dragons les lucarnes et auvents de fenêtre. L’endroit est puissant ; nous sentons l’air nous peser sur les épaules, et il devient aisé de sentir – ou d’imaginer – le sourd battement qui émane de la pierre, dans ce lieu de foi inchangé depuis le dixième siècle. Mille ans.

Par Danae : le 31/01/14 à 16:07:07

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 Nous refaisons un dernier tour dans le village en bavant devant les enseignes des crêperies et petits restaurants semi-gastronomiques. Eden quant à lui lance des regards mélancoliques vers les massifs de fleurs non comestibles. Nous croisons également nombre de boutiques vendant des trucs invraisemblables, véritable attrape-bobos hors de prix, mais aux pièces souvent incroyables : souffleurs de verre, poupées de porcelaine, ferronnerie d’art, travail du cuir, et évidemment, les incontournables chocolatiers. De quoi vit ce bled le reste de l’année ?

Juste avant d’atteindre le village, nous avons également croisé un terrain envahi d’herbes folles, ou s’accumulent des stalles de granit, certaines taillées en croix gaélique ou chrétienne, des monolithes, des blocs de toutes tailles et de toutes formes. Un vieil homme passionné travaille là, et depuis des années envoie ces blocs de pierre à des acheteurs du monde entier. Un tailleur de menhirs… Encore un talent qui restera sans successeur. Notre génération a intérêt à se trouver des passions rigolotes si on ne veut pas vieillir dans un monde uniformisé et sans saveur. Je doute toutefois qu’elle en soit capable. Les écrans nous ont tous coupé du monde.

Passé le village, nous décidons de tenter de suivre le GR, qui s’échappe de la crête pour plonger dans une étroite vallée pleine d’ombre et de très vieux arbres, longeant le dos de pierre bosselé de ce que nous appelons bientôt « le dragon », où le village est perché comme un nid d’oiseau. Les énergies terrestres sont toujours aussi fortes en ces lieux, et nous plongent tous les deux dans un silence songeur, tandis que nous marchons dans un chemin humide sous la voûte verte des arbres. Eden râle contre la pierraille du chemin, dont ses fers le protègent mal, et je descends pour le soulager, lui tendant des branches de noisetier feuillues pour lui redonner un peu d’allant. Sur notre droite, des vergers d’une luxuriance incroyable occupent tout l’espace de l’étroite vallée, séparés de nous non par une clôture, mais par un mur de larges pierres d’ardoise plates fichées en terre. Nous avons déjà appris que la région était autrefois connue pour ses exploitations des gisements d’ardoise, exportées depuis les mines creusées partout dans la région. Les forêts du coin sont un véritable gruyère, comme nous l’apprendrons bientôt.

La journée est déjà bien avancée, et la lassitude manifeste d’Eden nous pousse à commencer à chercher une pâture pour la nuit. Il n’a pas pu brouter à son goût depuis un moment, sans compter que ses rations s’amaigrissent, et cette nuit, je veux qu’il ait de l’herbe, et un sol frais. Je lorgne de plus en plus vers les vergers moelleux qui nous narguent tout au long du chemin. Nous en investissons un, juste le temps de voir si un squattage discret est possible. Eden est lâché 5 minutes, une fois le verger refermé, et nous le laissons brouter le temps de faire le tour. Mauvaise idée. 5 mn plus tard, je cours derrière un gros poney hilare qui trotte de touffe d’herbe en touffe d’herbe, de buisson de noisetiers en gros bouquet d’arbres, et il m’offre une partie de cache-cache drôlement salée pour un cheval prétendument fatigué. Je le récupère enfin, et à son grand regret nous quittons le pré, qui présente des signes d’entretien récent évidents. Nous préférons demander l’avis du propriétaire avant de squatter. Ledit bonhomme habite au détour du chemin, et Merlin fait connaissance avec un véritable personnage. Eleveur d’abeille, vendeur de fruits, l’homme vit ici dans une maison magnifique, entourée d’une luxuriance de fleur et d’essences incroyable. Il loue une yourte aux visiteurs, et possède la plupart des terres que nous avons longées. Le bonhomme nous classe visiblement dans la catégorie « touristes » à l’instar de tous les gogos qui doivent se trouver séduits par sa jolie vallée, et sans doute l’embêter avec une régularité respectable. Touristes, et fauchés, en plus. Il se montre tout de même poli et nous offre de camper dans un petit bout de pré à l’abandon, un peu plus loin sur le chemin. L’endroit se révèle malheureusement moyennement pratique : le pré n’est pas correctement clôturé, les ruches du monsieur sont à deux pas, et même si les hautes herbes sont abondantes, il se trouve envahi de ronces et de plantes feuillues bizarres dont j’ignore la nature. Après une longue pause – broutage, nous tirons Eden de là à regret. Kinaï est rassuré de quitter la place : il n’aime pas les ronces, qui lui griffent son petit bedon et ses petits testicules roses mignons. Non, le Cavalier King Charles ne descend pas du loup.

Par Danae : le 31/01/14 à 17:18:23

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 Pouletto quant à elle, fidèle à son habitude, essaie de se carapater dès qu’elle comprend qu’on entend lui faire réintégrer la carriole. Elle proteste, trahie par la ficelle qu’on a pris le parti de lui laisser à la patte.

Nous quittons la vallée et le GR pour reprendre d’assaut la crête de roche. Les paysages sont magnifiques. On ne se croirait plus en Bretagne, avec ces perspectives plongeantes et ces à-pics rocheux. Les sanglantes teintes ferreuses se mêlent à des gris de plomb sur ces façades de roche nue où la route est taillée. Les forêts couvrent le sommet des crêtes, de ces essences qui aiment les terrains rocheux et rappellent le sud de la France. Nous abordons bientôt La Croix des Chênes (un crucifix sous les chênes, oui. Je ne sais pourquoi, j’avais imaginé des choses fantastiques), et découvrons, en fouinant dans un petit sentier de forêt dont le sol sableux nous a enchantés, le véritable danger de la région. Nous sommes avertis par un panneau : il ne faut JAMAIS quitter le sentier, car des puits de forage à ciel ouvert béent un peu partout sous les arbres, aucunement répertoriés. Personne n’a pensé à les boucher quand les exploitations minières ont fermé leurs portes au siècle dernier, mis à mal par la concurrence et l’épuisement des gisements. Les crêtes de cette région sont un gruyère meurtrier, véritable champ miné. Imaginez la ballade du dimanche avec votre cheval préféré, et le petit galop tranquille dans le sous-bois printanier où chantent les oiseaux, tralala lala lalallllllaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAHHHHHH BAM. Les journaux du coin voient leurs chroniques régulièrement marqués par des disparitions de chiens, ou de personnes. Au moins les problèmes d’héritage doivent-ils se trouver vite réglés dans la région ! Arf !

Nous faisons trèèès prudemment marche arrière pour regagner la sécurité de la route, un peu refroidis. Avec tout ça le soleil se couche, et il fait presque nuit quand, à court d’idées, nous frappons carrément au portail d’une belle maison possédant un vaste terrain herbeux. La dame qui nous ouvre se montre un peu surprise de voir débarquer notre troupe, mais fait preuve d’une hospitalité sans tâche en nous ouvrant gentiment son pré, avant de mettre du jus dans la clôture, par mesure de prudence pour Eden. Elle nous conseille également de nous méfier des puits qui s’ouvrent un peu partout sur la pelouse et sous les arbres… Ah ? Je deviens toute blanche, mais elle me rassure en m’expliquant qu’ils sont bouchés. Enfin, à peu près. Bon. Je passerai quelques sales moments à chercher Eden dans le noir au beau milieu de la nuit, persuadée qu’il gît au fin fond de l’enfer. Mes inquiétudes ne semblent pas le distraire de son devoir de tonte, qu’il étend à mon grand désespoir aux branches des pommiers de la dame, dans une tentative d’élagage très moyennement soignée.

Merlin et moi installons notre coin dodo sous le regard farouche de la chèvre à demi sauvage qui hante ces lieux, et nous surveille depuis un tas de rochers, traumatisée par l’intrusion. Nous sommes pris d’une crise de flemme culinaire, et le repas de ce soir se réduit à des tartines salées, agrémentées de fruits. Pouletto réclame sa part à petits cris, et obtient son câlin du soir avant de réintégrer la carriole. Nous sommes bientôt pris d’un sommeil lourd, étrangement fatigués par le magnétisme de cette terre ancienne. Cette nuit-là, mes rêves prennent une tournure fantastique, tandis que je me vois suspendue aux rochers escarpés de ce pays, la tête tendue vers le ciel, me transformant lentement en dragon. J’attends avec impatience de pouvoir m’envoler. Je m’éveille le lendemain avec une pêche d’enfer, sincèrement frustrée de ne pas m’être complètement transformée au cours de la nuit. J’emmerderai Merlin avec des cris de dragon tout le restant de la semaine.

Par cocolabricot : le 31/01/14 à 21:57:09

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 ça a l'air super chouette ce coin la! tu peux me dire un peu plus précisement ou c'est? j'irai bien y faire un tour!

Par Danae : le 31/01/14 à 22:52:44

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 Bah c'était une belle découverte, oui ! On ne s'attendait pas du tout à trouver ça, mais c'est clairement une petite perle bretonne à ne pas louper ! J'essaie te mettre une carte : c'est pas très loin de vannes et Redon.



Par Danae : le 31/01/14 à 22:55:37

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 Jour 25

Une nouvelle journée sous un beau ciel bleu. Je m’habille en poussant des cris de dragon, pendant que Merlin libère un Pouletto ravi qui part immédiatement en chasse. Kinaï quand à lui a depuis longtemps quitté mon duvet pour aller faire connaissance avec la chienne de la famille, une petite épagneule joueuse comme tout. Après avoir vérifié qu’Eden faisait encore partie de ce monde – rapport aux puits qui m’inquiètent encore – nous allons saluer nos hôtes qui nous font signe depuis la véranda. Nous faisons connaissance avec les enfants du couple habitant ici. La jeune fille nous quitte bientôt, tandis que le fils nous invite à nous attabler avec lui pour le petit déjeuner. Nous sommes un peu confus, car il nous sert comme des rois. Il est très beau et adorable, quant à sa mère, elle se montre plus qu’accueillante, en toute simplicité. La discussion dérive sur les fameuses excavations minières, et SexyBoy nous propose de nous les montrer. Eden et Pouletto sont en sécurité ; de plus, c’est notre première « sortie touristique » du voyage, pour ainsi dire. On ne se fait pas prier. Le petit dèj rangé, nous partons vers la forêt. SexyBoy a grandi dans ce coin, et il connait les plus jolies mines jusque dans leurs moindres recoins. Il nous guide sur les sentiers jusqu’à ce qu’on atteigne l’entrée d’une mine : la bouche noire perce le flanc de la colline boisée, cernée de barbelés et de panneaux d’interdiction d’accès. Elle souffle sur nos jambes une haleine froide, comme si un vieux dieu de la terre dormait là. Nous escaladons la grille, et pénétrons dans un dédale de roches noires. Nous nous enfonçons sous terre, descendant le long de blocs énormes de cette pierre noire et friable, aux formes naturellement rectilignes. L’eau suinte le long des parois, nous sommes excités comme des gamins rejouant une scène des Goonies. SexyBoy n’est plus venu là depuis des années, il nous raconte les jeux dangereux auxquels il se livrait avec ses potes à l’époque des aventures. Nous débouchons bientôt dans une salle plus vaste, au plafond percé de grands puits de lumière. Les feuillages et le ciel jettent un saisissant contraste sur l’écroulement chaotique des pierres. Des blocs énormes se chevauchent jusqu’au plafond, gigantesques cubes sombres rappelant un démentiel jeu de légo – ou alors Minecraft, selon votre génération.


Par Danae : le 31/01/14 à 22:57:38

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 Nous remarquons des reflets verts étranges sur la pierre humide, phosphorescences qui ne se remarquent que sous un certain angle de la lumière. Nous ressortons bientôt à l’air libre, ecar notre guide nous a promis de retrouver pour nous le chemin d’une grotte à demi immergée. Ressortis à l’air libre, nous dévalons comme des fous une pente boisée pour atteindre une autre entrée, enhardis par la connaissance des lieux que démontre SexyBoy. Ce garçon nous plaît beaucoup : Il possède cette qualité rare de parvenir à témoigner et partager de la joie, dans la plus complète simplicité, sans pour autant verser dans la niaiserie. Cette espèce de sentiment de liberté ressenti à travers des expériences partagées, et que l’on perd très vite passé la préadolescence, certains parviennent à le garder intact, et ce jeune homme a ce talent. En tout cas il a trouvé son public : nous ne sommes pas en reste.

Nous nous débarrassons de nos chaussures avant d’escalader la grille de cette nouvelle excavation. Kinaï a senti le traquenard venir et essaie de se défiler, mais nous le passons à son tour par-dessus le grillage, pour atterrir les pieds dans l’eau. Le couloir s’enfonce sous terre, et nous le suivons, presque sans un mot, les jambes de nos jeans retroussées. Kinaï dans mes bras n’en mène pas large, et semble se demander au nom de quoi les humains vont toujours fouiner dans des endroits à la con pleins de mouillé. Nous sommes un peu émus, et presque effrayés, tandis que la luminosité baisse progressivement et que nos rires se font nerveux. L’eau qui nous arrivait aux mollets baisse progressivement, et nous débouchons dans une grande salle, au sec sur une bande de pierre large de deux pas.

Notre guide a pensé à prendre une frontale, mais ses piles sont en bout de course, et on peine à voir le fond de la salle dans le faisceau jaunâtre. A nos pieds s’ouvre une immense excavation, emplie d’une eau sombre. Nous ouvrons de grands yeux. Le faisceau de la lampe n’en atteint pas le fond, mais on devine au moins six ou sept mètres de profondeur. Des blocs de rocher apparaissent, couverts des formes improbables que les mousses aquatiques ont sculpté sur les objets engloutis. Des branches tendent vers nous des doigts noirs, où s’accrochent des lambeaux gluants. On imagine des cadavres partout. Je trempe mes bras dans l’eau cristalline et glacée, en essayant d’attraper des lambeaux de mousse. Je me demande si j’oserai me baigner, ce n’est pas l’envie qui manque. Je suis en plein rêve. Finalement, le froid m’en dissuade, et nous chasse de cette tombe étrange. L’air de la forêt nous semble presque chaud au sortir de la grotte. Kinaï pousse des jappements de soulagement, et court dans tous les sens en se roulant partout comme quand il sort du bain.

Nous nous rechaussons, avant de repartir vers la maison de SexyBoy. D’autres aventures nous appellent ! Arrivés sur place, je récupère un Eden apaisé par cette longue pause à l’herbe, et le selle pour le départ. La maman de SexyBoy nous offre un sac entier de provisions, et un gros sac de croquettes de luxe pour Kinaï : sa chienne ne les aime pas. Nous sommes ravis et un peu gênés, car nous n’avons rien à offrir en retour. Plus tard, nous décidons d’essayer d’imaginer un petit cadeau spécial à offrir aux gens accueillants pour notre prochain voyage, histoire de laisser un merci. Les effusions de départ sont chaleureuses, nous aurions aimé rester plus longtemps avec ce garçon sympa. Nous lui disons adieu, et reprenons la route.

Trois cent mètres plus loin, j’abandonne avec un peu de vague à l’âme ma grande peau de renne, qui m’avait tant servi. Je la laisse sur un pont bien en vue, avec l’espoir que quelqu’un pourra la récupérer pour en faire autre chose. Elle me sert depuis quatre ans, et malheureusement elle est dans un état irrécupérable. Ce n’est pas tant qu’elle perde ses poils ou soit trouée de partout le problème, ni même qu’elle n’amortisse plus vraiment les chocs, non, c’est l’odeur. Elle n’a pas pu sécher depuis des semaines, et le cuir qui a commencé à pourrir doucement est une infection, qui contamine les autres fourrures. Adieu Peau de Rennes, je t’aurai aimé. Tu m’auras servi de couchage, de déguisement, de couverture, de tapis de selle, de serviette, d’oreiller. Repose en paix.

Par dilou : le 01/02/14 à 09:54:42

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 Les gens qui vous ont aidés, envoie-leur ton récit, si tu as leur adresse ! C'est déjà une forme de remerciement.

Par cocolabricot : le 01/02/14 à 10:26:59

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 moi, les gens que j'avais croisé, a chaque fois j'avais fait une photo avec eux moi et le canasson, et en revenant je fais developper la photo, et je leur envoie avec un petit mot de merci au dos, j'ai commencé une correspondance comme ça avec un vieux couple de retraités trop sympas qui nous avaient reçus comme des princes au petit dej apres une nuit orageuse, on on avait dormis dans un chemin derrière chez eux, ils s'etaient fait du mauvais sang pour nous toute la nuit, les pauvres!

Par Danae : le 01/02/14 à 19:18:09

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Leur envoyer mon récit, c'est une super idée, mais ce ne sera possible que pour le monsieur du gîte équestre à Redon... Mais du coup je crois que je vais le faire

Le coup de la photo c'est carrément pas con, mais je crois que le prochain coup j'emmènerai de quoi faire une petite aquarelle pour l'offrir immédiatement. Je me débrouille pas mal, ça peut faire un joli merci.

Par Danae : le 01/02/14 à 20:44:11

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 Nous faisons tranquillement route vers Molac en longeant le ruisseau de l’Arz. Nous circulons dans de jolis bocages humides, et Eden tout excité s’essaye à une nouvelle technique qu’il a mis au point pour me porter sur les nerfs et me convaincre de le laisser courir : le Pasgalop. Je le monte toujours rênes longues au pas, et pour l’empêcher de trottiner, au lieu de raccourcir les rênes tout le temps, je les reprends d’un coup, en lui mettant un petit coup de pression sur le nez, aussitôt relâché : c’est non. Sa réplique consiste désormais à se lancer dans des espèces de mini-foulées de galop des antérieurs, tandis qu’il marche toujours de l’arrière main, ce qui lui donne l’air de se presque-cabrer tous les deux pas. Merlin trouve ça plutôt joli. On voit bien que ce n’est pas lui qui se retrouve à monter un gros Kulbutoké fou. Le loustic se calme généralement après une bonne claque entre les oreilles.

Nous parvenons bientôt dans le village de Molac, dont le nom nous donne le fou rire, sans raison particulière. Prononcez : MôlaK en marquant bien le K. SexyBoy nous avait prévenu : c’ est un village rustique. Bon, à vrai dire, ses mots exacts étaient « un bled de cassos ». Bon. Cassos ou pas, ils nous serviront bien un petit goûter. Nous passons dépités devant la pizzeria fermée, pour nous rabattre sur le bistrot. Aux tables de la terrasse sont attablés quelques jeunes types, qui s’exclament en nous apercevant. On commence à avoir l’habitude, et nous restons souriants, en nous installant pas trop loin. Pendant qu’on sirote nos cafés, l’un des types, un individu de type « tunning » commence à parler plus fort que les autres. J’étouffe un fou rire dans mon café. Le mec s’amuse comme un petit fou, commentant chaque geste d’Eden : « Non mais en vrai jte jure les cheval c’est trop intelligent ! Regarde, gad’ y bouge sa patte gauche, chuis sûr ça veut pas dire la même chose que s’y bouge la patte droit’ ! » En effet Eden est en train de « donner la papatte » pour avoir du café, un tour débile que je lui ai appris et qui sert à faire rigoler les enfants, surtout. Et le mec de continuer : « Nan mais regad’ ses oreilles ! Chuis sur y lui parle, il lui parle en cheval avec ses oreilles, c’est un code secret ! Pis la fille t’sais elle lui répond! Eh cheval ! Ehh ! » Merlin et moi sommes morts de rire, et le mec continue son cirque, ravi d’avoir l’attention générale. Il essaye bientôt de donner un sucre à Eden et joue exagérément la frayeur. Nous quittons la place le sourire aux lèvres, et sortons doucement du village. En chemin nous croisons des visages ravagés. L’alcool semble faire de gros dégâts dans ce coin.

Par Norie : le 01/02/14 à 22:40:11

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Ca y est j'ai fini la page 2 !!! Trop top ton récit, vraiment !

Et c'est marrant que tu ais trouvé des infos de rando sur le site de Kaïs chevaux de feu ! Moi j'y ai trouvé aussi beaucoup de supers informations, mais d'un tout autre domaine !

Par csabrina : le 02/02/14 à 10:50:53

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 eh ben ca donne envie ce village

Par Danae : le 02/02/14 à 13:58:09

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 Merci Norie ! Et c'était dans quel domaines ces infos que tu y as trouvé ?

Casbrina, en effet, c'était un peu bizarre... Ça me rappelait un peu certains patelins de ma Normandie natale, où il est pas rare de voir des enfants se balader une Kro à la main... Si bucolique !

Par Danae : le 02/02/14 à 15:26:05

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Avec tout ça, nous avons enfin atteint la forêt. Nous décidons de la traverser dans sa largeur, pour voir de quoi elle a l’air. Les chênes et les hêtres sont immenses, et c’est un plaisir de marcher sous leur voûte ; la forêt nous avait manqué. Sur la carte, nous avons repéré un très grand étang, et nous tentons de l’atteindre, car Merlin a des fourmis dans la canne (sans mauvaise blague, hein…). La petite route, à notre grande surprise, nous emmène devant un immense château, où nous sommes reçus par les abois rageurs de quelques chiens de chasse. Les propriétaires, alertés par leurs cris, les suivent bientôt. Un homme s’approche, suivi de loin par une Marie-Chantal en carré Hermès. Le pli de ses lèvres nous signifie clairement que les gueux ne sont pas la bienvenue ici. Il s’efforce de nous toiser, ce qui est difficile face à un cavalier. Nous excusons de déranger, et expliquons à l’homme que nous voulons seulement suivre le chemin indiqué par la carte, qui passe visiblement par leur propriété. Il nous autorise à continuer, et nous indique la suite du chemin d’un geste si ouvertement dédaigneux que Merlin entre dans une rage folle, qu’il mâchera les quelques kilomètres suivants, silencieux et les mâchoires crispées. Il faut dire qu’il y a de quoi rester songeur : comme nous longeons l’une des faces de l’étang, nous apercevons de loin en loin, le long des rives, des propriétés semblables, possédant de petits bateaux amarrés à leurs quais privés, des cours de tennis, des jardins entretenus, avec dépendance pour le jardinier. Une voiture de luxe nous dépasse sur la route, conduite par un vieux couple qui nous regarde avec des yeux de chouette, visiblement effrayés et scandalisés par notre simple vue. Nous avons débarqué sans le savoir dans une forêt de riches.

Nous faisons un crochet pour nous approcher des rives, et je tends une ligne pour Eden dans le gazon de forêt. Merlin va se détendre les nerfs à la pêche, pendant que je prépare un repas sommaire : de grandes tartines à l’échalote et vinaigrette. Nous arrivons au bout de nos réserves de nourriture, et un saut dans une ville va bientôt s’avérer nécessaire. J’apporte son manger à un Merlin tout dépité : il a perdu deux cuillères dans les nénuphars, et vient de rater un brochet grand comme ça, qui lui en a embarqué une troisième. Il n’en faut pas plus pour qu’il s’acharne. De mon côté, je découvre un nouveau jeu avec Pouletto : la chasse aux petites grenouilles. Les berges du lac ont souffert de la chaleur, et la terre craquelée enserre les racines des plantes d’eau. Un peu partout, de minuscules grenouilles noires se baladent, et finissent l’une après l’autre dans le gosier de Super Poulettosaurus, prédateur de l’extrême. Bientôt, elle se trouve complètement gavée, et la chaleur lourde nous abat toutes les deux au pied d’un arbre, dans un petit nid de feuilles sèches. Lovée sur mon ventre, elle ronronne doucement, en me faisant des petits mamours du bout du bec. Elle est tellement mignonne, attrapant des mèches de mes cheveux, ou posant sa tête sur ma main pour réclamer la caresse. Nous sombrons bientôt toutes les deux dans le sommeil. Merlin nous réveille un peu plus tard, attendri. Il n’a rien attrapé.

Nous reprenons la route et gagnons la voie verte, qui traverse la forêt de part en part. C’est l’occasion d’offrir à Eden un de ces galops frénétiques qu’il aime tant : on commence tranquille, l’air de rien, puis à un moment je lui donne les rênes avec le grand cri aigu qui le jette en avant : c’est la charge ! Kinaï nous poursuit désespérément, les oreilles au vent. Il a toujours peur que je disparaisse au loin.

Par Norie : le 02/02/14 à 21:05:32

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Les infos que j'avais trouvé sur son site Chevaux de feu, ça concernait le ski-joeroing ! Donc tu vois, rien à voir avec la rando ! Bon, je retourne à la page 3, c'est là que j'en étais !

Par Danae : le 02/02/14 à 22:00:15

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 En effet ! Ça doit être assez chouette de tester ça,j'aimerais bien tenter un jour... Je me demande si Eden accepterait de me trainer dans la neige...

Bon, bonne lecture en tout cas !

Par Danae : le 02/02/14 à 22:26:33

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Après quelques errances en forêt, nous commençons à chercher un bivouac. Nous nous hasardons dans une ferme perdue au bout d’un long chemin, à cheval entre la forêt et de belles prairies grasses. Nous croisons en route une toute petite exploitation, et discutons un moment avec trois ouvriers agricoles qui retournent la terre d’un potager à l’aide d’un petit tracteur, attelé à une herse. Clope au bec, ils nous regardent arriver en rigolant. Ils acceptent de nous vendre une poule, un peu surpris par la demande : on la veut vivante. Ben oui, y parait que ça se garde mieux comme ça, ouarf. Mon anniversaire arrive bientôt, et on veut fêter ça dignement. Ils nous vendent une petite rousse de trois livres, contre une bouchée de pain. Adorables. Nous lui attachons les pattes et l’installons près de Pouletto, qui comate et ne se rend compte de rien. Arrivés près de la ferme, il fait déjà presque nuit. Merlin va frapper à la porte tandis que j’emmène Eden boire dans les bidons d’eau qui traînent autour du jardin. Personne ne nous répond ; après un moment une vieille dame sort et nous crie de partir, elle ne veut rien entendre et se montre assez discourtoise. Mauvaise, la dame. Nous partons donc, et marchons dans le noir entre les champs à l’haleine chaude, sous un ciel sans lune. C’est la première fois en un mois que nous nous faisons ainsi jeter, mais nous prenons la chose avec philosophie («Mais quelle grosse vieille moche, heureusement qu’elle vit dans la forêt» ).

L’odeur épicée de chevaux rassemblés en grand nombre nous parvient, et nous croisons un élevage de quarter horses et autres races américaines. Les pauvres n’ont plus un brin d’herbe à manger, et piétinent par deux dans des paddocks de terre. A ma grande surprise, ils ne bougent pas une oreille en nous voyant passer. Le fameux calme des races de travail ? Même les lourdes poulinières bretonnes courent après Eden comme s’il était couvert de luzerne et de quartiers de pommes, en lui criant après quand il les snobe, royal, le toupet au vent.

Quelques kilomètres plus loin, nous dénichons enfin un abri correct : une grande pâture, dont nous poussons tout simplement la grille d’entrée. Il n’y a personne aux alentours et nous sommes à court d’idées. Il est trop tard à présent pour frapper chez les gens. Elle est immense, et une rapide reconnaissance me signale qu’elle semble très bien clôturée… Je n’ai pas vraiment l’énergie d’en faire le tour à vrai dire. Mais des traces fraîches témoignent de la présence fréquente de vaches, et en général elles ne sont pas lâchées dans des prés mal fermés… C’est donc sans trop de crainte que je lâche Eden dans ce paradis d’herbe haute. Il profite comme tous les soirs d’un petit massage au foin, et après avoir reçu les derniers restes de maïs, il s’éloigne entre les herbes, et part en exploration. De notre côté, nous préparons le repas des humains, qui nourrira également Pouletto pour ce soir. Nous n’avons plus grand-chose à manger, et les restes du sac de bouffe sont mis à contribution. Pouletto a déjà l’habitude du maïs, mais elle se rue sur sa part de polenta comme une folle, ayant depuis longtemps compris que ce qu’on mange est toujours délicieux. Notre seconde poule est gardée enfermée dans son petit sac de coton. Nous déciderons demain de son sort.

Tandis que Merlin assume son tour de vaisselle, je pars à la recherche d’Eden, qui a disparu dans la nuit. Le pré est vraiment gigantesque. Au-delà d’un rideau d’arbres, une seconde partie de taille presque égale est accessible, et c’est là qu’Eden a commencé une petite sieste. Il me regarde arriver d’un air étrangement indifférent, et s’il accepte mes gratouilles, je sens qu’il a envie d’être tranquille pour ce soir. Je le laisse bientôt à son sommeil. Eden a un caractère très indépendant, et je crois qu’il a besoin d’avoir ses moments à lui, avec les humains comme avec les autres chevaux. C’est une part de son caractère que je dois respecter.
Il ne nous rejoindra pas de la nuit, et je devrai venir le chercher au fin fond du pré le lendemain pour le départ.

Merlin et moi nous couchons parmi les hautes herbes, tranquillement lovés sur nos fourrures. Une pluie fine nous réveille un peu plus tard, et nous retranche sous un abri destiné aux vaches, au sol sec et poussiéreux. Nous y dérangeons une hirondelle et ses petits, dont le bec minuscule pointe hors du nid de terre tandis qu’elle nous observe, l’œil fixe.

Le bruit de la fine pluie bretonne sur le toit de tôle nous berce tout le reste de la nuit.

Par cocolabricot : le 06/02/14 à 19:41:11

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 dis, dans la pratique, j'aurais des questions a te poser... niveau materiel, cartes, itineraire...
ça te dis qu'on se téléphone et/ou qu'on se voient pour parler périple?
cet été je veux rejoindre le finistour et l'equibreizh : depuis redon ou vannes direction morlaix...

Par kefiretlome : le 06/02/14 à 20:47:11

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j'ai cru qu'elle avait écrit la suite !

Par Antares62 : le 06/02/14 à 20:53:01

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 pareil que kefir

Par Danae : le 06/02/14 à 20:58:52

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Rebonjour !

Je suis désolée, je n'ai pas réécrit, mais c'est parce que ma période de chômage-vacances s'est officiellement terminée hier : J'ai du taf !! Un plein temps en plus


Bref, je n'oublie pas ce post, promis, je vais vous mettre la suite vite !

Cocolabricot : A fond. En plus j'aimerais bien faire l'équibreiz aussi. Mp.

Je m'y remet !

Par kefiretlome : le 06/02/14 à 21:15:20

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Tu bosses dans quoi ?

Par Danae : le 06/02/14 à 21:17:32

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 Je fais un remplacement comme aide soignante ! Je viens juste de finir le deuxième jour, avec des personnes Alzeimer... Je découvre un peu, mais ça se passe bien !

Par kefiretlome : le 06/02/14 à 21:34:49

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C'est en Ehpad ?

Par Danae : le 06/02/14 à 23:14:21

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 Oui ! Mais l'établissement est sympa pour apprendre, il y a vraiment un souci d'humanité dans l'accompagnement des personnes. Ça a un impact sur l'ensemble du service, c'est assez chouette.

Sur ce, un petit bout de la suite ! Bonne lecture


Jour 26

Nous sommes réveillés vers 9 heures par les trois messieurs rencontrés la veille, qui viennent d’entrer dans le pré et ouvrent grand la barrière pour ouvrir le passage à un tracteur. Un peu surpris de nous trouver là, ils ne se formalisent pas, et nous expliquent simplement qu’ils vont faire entrer des génisses, et qu’il vaut mieux qu’on parte assez vite. Après nous être excusés de la gêne occasionnée, nous activons le départ. Je pars chercher Eden pendant que Merlin emballe nos affaires. Deux des messieurs ont commencé à amener un grand râtelier à l’aide du tracteur, tandis qu’un autre part au fond du pré appeler les génisses dans le pré voisin. J’ai toujours adoré les voir marcher lourdement au cri du fermier qu’elles connaissent, et traverser les herbes avec ces gestes paisibles et confiants qu’ont les vaches quand elles savent où elles vont. Mais ce matin, pas le temps de les admirer.

Eden me suit gentiment vers l’abri de la grange, montrant à peine le blanc de ses yeux quand le tracteur passe près de lui avec le râtelier en l’air. Il est tellement terre à terre, maintenant j’en arrive presque à être surprise quand il a peur d’un truc. Je crois que si des baleines bleues à lunettes-laser passaient en volant dans le ciel au-dessus de lui, il se dirait quelque chose comme « chouette, de l’ombre ». Il faut le voir, quand on est en rando avec d’autres chevaux plus craintifs, essayer de faire semblant d’avoir peur en même temps qu’eux, avec zéro crédibilité, parce qu’il regarde partout pour essayer de trouver un « support » crédible à ladite trouille, et qu’il n’en voit pas. Alors il marche un peu en crabe, ronfle pour le fun, fait l’idiot, parce que c’est nul d’être sage, merde. Il est génial !

Je l’attache sous l’abri le temps de le seller, tandis qu’une petite pluie nous annonce la donne de la journée. C’est dans ce genre de situation que l’entraînement de la vingtaine de départs précédents se révèle payant : on a tout plié en vingt-cinq minutes, et les vaches sont dans la place. Elles reniflent les crottins d’Eden en roulant des yeux. Nous avons eu le temps de présenter Pouletrôti à Pouletto : cette dernière commence par snober totalement la poule rousse, puis décide de l’attaquer à grands coups de becs quand l’autre s’approche. Elle doit se prendre pour une sorte de race de poule supérieure. Faut la comprendre : elle bouffe de la confiture et du pain complet tous les jours si elle veut, elle randonne, elle tue des écrevisses et des grenouilles, elle mange du poisson, elle a des câlins, et domine un chien faisant quatre fois son poids. Notre Poule est une aventurière néo nazie. Mouhahaha. Sur ce, nous décidons de manger la rousse. Elle n’est pas du tout comme Pouletto, et la différence est frappante, tant dans le comportement, la façon de se déplacer, et même, je vous jure, le regard. Pouletto, même le premier matin, a toujours eu l’air de regarder autour d’elle, et semblait dépourvue de peur. Cette poule là… a le regard d’une poule, quoi. Je n’aurais jamais cru qu’une telle différence était possible. Merlin la tue un peu à l’écart, lui coupant rapidement le cou d’un coup de machette.

Nous remercions chaleureusement les trois messieurs de leur tolérance face à notre squattage sauvage, et ces derniers nous souhaitent bon voyage. Nous repartons essayant d’attraper des fruits dans les cerisiers qui bordent la route. Si on avait vu ça la veille, on aurait eu un dessert… J’essaye bien d’arrêter Eden sous les branches, mais c’est le matin, et il veut foncer. Après quelques disputes je lâche l’affaire, et c’est parti pour un trotting, à la suite de Merlin Mollets-d’Acier qui roule devant nous.

Par Danae : le 07/02/14 à 07:17:09

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 Kefire, tu fais quoi comme job du coup ?

Par kefiretlome : le 07/02/14 à 15:00:52

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Je suis infirmière.
Actuellement en entreprise (service de santé au travail) dans une grosse boîte américaine qui fabrique des engins de chantier jaunes, bien connue.
Mais j'ai beaucoup bossé en Ehpad.

Par cocolabricot : le 07/02/14 à 18:13:19

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 quelle equipee de soignantes! Moi je suis educatrice serveuse preparatrice de commande femme de chambre aventuriere...

Par idylle39 : le 10/02/14 à 11:42:39

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 Impatiente de lire la suite aussi...

Par Danae : le 11/02/14 à 07:45:45

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Arf ! Génial, on est toutes des aventurières de la santé ! C'est drôle de vous imaginer en tenue de taf, et après POUF transformation (comme dans sailor moon) Et on devient des super héros de la rando trop classes

D'ailleurs je vais travailler. Je vous reposte bientôt la suite, après une bonne grasse mat'

Merci Ydille

Par Danae : le 16/02/14 à 18:14:12

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 Nous gagnons Elven un peu plus tard, sous un ciel changeant. La lumière jette sur les champs ces clartés fulgurantes d’une parfaite pureté qui précèdent les pluies violentes. Le village est joli, et son église impressionnante. L’accueil par contre est moyen : nous nous faisons presque jeter d’un café sous prétexte que nous l’avons sali.


La chose comme d’habitude est prise avec philosophie ; notre carriole est pleine de légumes, le café fut bon : cassos. Nous reprenons la route de la campagne. Suivant une petite route longeant le joli ruisseau de l’Arz au creux de vallées vertes, nous croisons bientôt un portail portant une mention intéressante : Chouchen et miel : vente directe. Comme ces contrées sont généreuses. Pied à terre, soldats !

Le jeune homme qui me vend un pot de miel et une bouteille de chouchen est timide et adorable, et ses produits sont une tuerie. Le miel est gouté puis rangé. Le chouchen est goûté puis bu. Il est excellent. Nous n’avons pas bu la moindre goutte d’alcool depuis plus d’un mois. En une demi-heure nous sommes saouls tous les deux.

Attention : la scène suivante a été tournée par des… hahem heurrrrh… Professionnels. Se cuiter à cheval est dangereux pour la santé, consommez avec modération (Naaaaah, je rigole, c’est génial, pis votre cheval n’est pas saoul lui hein, en plus c’est du chouchen alors tout va bien).


Le panneau que nous croisons constitue une publicité mensongère. En effet le bled que nous approchons nous réserve une terrible douche. Pour le moment elle menace seulement, et tandis que nous mettons pied à terre devant un petit bistrot, Merlin sort sa canne pour aller dire bonjour à l’étang qui se trouve en face. Un gosse d’une douzaine d’années lui tourne autour, intrigué par nos têtes, et rapplique bientôt avec sa propre canne pendant que j’attache Eden avant de me commander un chocolat. Le gamin prétend que l’étang a été réapprovisionné en poisson la veille, et avoir lui-même sorti cinq truites le matin même. Merlin et moi, dubitatifs, l’observons jeter sa ligne avec la dextérité d’un troll moyennement doué, qui aurait mis une brique à la place de son bouchon. PLOUF. Mais nous sommes saouls et donc très tolérant, et puis il raconte tellement de bobards à la minute que c’en est attendrissant. Merlin espère tout de même qu’il dise vrai au sujet des truites ; ce n’est pas tous les jours qu’on peut espérer en pêcher en Bretagne. Leur petite sauterie et mon chocolat sont interrompus par une pluie torrentielle qui s’abat d’un seul coup. Petit moment de panique, le temps de sortir les ponchos en catastrophe, et de fixer les sacs plastiques couvrant nos affaires. Je bondis dans le bar pour finir mon chocolat cul sec. Entre deux Merlin saisi de doutes puissants a demandé à la barmaid si cette histoire de truites pêchées par le gosse avait des chances d’être vraie. « Le petit Kevin, cinq truites ? Ben mon coco, y faut pas l’écouter. Si il attrape un jour une grenouille il sera content. » Ok. Petit salaud de Kevin, t’es un menteur. Mais on est toujours saouls et plein de bonté, alors nous le laissons nous suivre jusqu’au terrain de foot où l’on nous a promis un abri en attendant que le déluge passe. Le gamin continue de se raconter une vie et des exploits inventés chemin faisant, sans réagir à nos « mais dis donc, tu nous raconte n’importe quoi hein ? »

Comme promis, le terrain de foot est muni d’une sorte d’abri aménagé près du local des vestiaires. Une porte assez large laisse passer Eden, qui se met à contempler la pluie battante par-dessus l’espèce de comptoir de bois qui entoure et ferme l’espace. Je le déshabille, car la pluie ne semble pas prête de se calmer. Dans un coin, un évier sans eau accueille la selle et le bazar, et nos vêtements trempés sont mis à sécher auprès des peaux. Des prises électriques nous permettent de sortir le petit ordinateur de Merlin, et de passer du 8-bits à fond la caisse, musique électronique dont les tonalités acides et minimalistes jurent parfaitement avec la calme ambiance pluvieuse, et plaisent à notre fin d’ivresse. Je nourris Eden et l’abreuve, pendant que Merlin s’occupe de plumer et vider la poule tuée au matin. Mytho-Kevin traine encore aux alentours, et nous observe d’un air vide tout en balançant de temps en temps une fanfaronnade hésitante, ou une remarque sans à-propos (« Moi j’aime bien les haricots. Et chez moi j’ai une Lamborghini. Je sais conduire. Et j’ai déjà pêché un saumon. J’ai des baskets nike. Ta poule, elle est morte. Moi aussi, j’ai une poule morte. »). L’ivresse passe, et après que nous ayons tenté plusieurs formes d’interaction diablement inefficaces, il finit par nous porter doucement sur les nerfs. Mais nous ne sommes pas des brutes et nous l’évinçons très gentiment : « N’as-tu donc pas d’amis ? » (avec le sourire, hein). Cela ne fonctionne pas. Il reste. Des jeunes en scooter s’approchent, nous observent puis s’en vont. On a dû leur piquer leur coin-fumette préféré.

Au bout de quelques heures nous en avons assez de cet endroit. La pluie s’est calmée, nous quittons la place avec des coucous au gamin. Adieu, enfant. Nous garderons tes fadaises dans notre cœur ; au fond tu es mignon.








Par Danae : le 16/02/14 à 18:51:33

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Dans la soirée, nous abordons un hameau, baigné par une chaude lumière rescapée de la pluie. Le soir n’est plus loin, et nous frappons au portail d’une grande maison à l’angle d’un corps de ferme réaménagé. Une jeune fille vient nous ouvrir, surprise et tout sourire. Elle retourne sur ses pas demander à ses parents si nous pouvons être hébergés, puis nous sommes reçus à bras ouverts. Un repas de famille joyeux se termine : on fête ses dix-huit ans. On me permet de fixer la ligne d’attache entre deux pommiers qu’Eden entreprend de tailler à sa façon (arg). Le jardin est aménagé pour les vacances : une grande piscine gonflable bave dans le gazon où traînent des ballons, et au fond du jardin, un jeune cochon enfermé dans un abri grogne après Eden. Tandis que nous montons le camp, nos hôtes nous apportent des parts du gâteau d’anniversaire (chocolat-poire) et une petite bouteille de moelleux réchappée du festin. Nous ne savons pas quoi dire, nous sommes tout émus. Tout le monde sourit bêtement, et nous embrassons la jeune fille rougissante, à moitié pompette. Je lui promets un tour à cheval d’anniversaire pour le lendemain, qu’elle accepte avec joie. Tout le monde est ravi. Nos hôtes vont finir leur soirée au chaud, tandis que nous nous installons sous les pommiers dans le crépuscule qui descend pour cuisiner. Nous avons décidé d’avancer mon propre repas d’anniversaire, qui aurait dû avoir lieu quelques jours plus tard. C’est décidé : ce soir j’ai vingt-cinq ans, et pour fêter ça nous mangerons de la viande.

Attention, voici la minute cuisine. Nous coupons en petits dés les aubergines, courgettes et petites patates fraîches. Le persil, le thym, les raisins blonds et les épices chaudes sont ajoutés à l’ail, aux oignons et aux échalotes émincés, avec un bon paquet de miel et un gros morceau de beurre. La viande est mise à confir là-dedans, en gros morceaux. C’est une petite poule, et heureusement on a une grande casserole. Remplie à ras bord, elle tient en équilibre sur notre petit réchaud à feu doux. Le cochon profite des épluchures, et Kinaï des restes du poulet. Pouletto se révèle bien évidemment cannibale ; nous ne sommes point surpris. Nous sirotons le vin pendant la petite heure de cuisson. Une petite pluie nous chasse de l’abri des arbres à la nuit tombée, et nous nous réfugions sous l’auvent de tôle et de bois servant d’abri à la grosse voiture de nos hôtes. Après avoir monté la tente en vitesse, nous sortons les duvets, et nous installons sur les peaux de mouton, adossés à l’un des piliers de l’auvent. Merlin a sorti son petit ordinateur que nous avons posé dur un seau renversé. Nous mettons un film québécois qui parle d’un enfant fou vivant dans un village de montagne un peu magique, en mangeant le poulet au miel dans la casserole, et le gâteau en dessert. C’est délicieux. Eden broute là-bas dans l’ombre, la pluie fait doucement trembler la tôle au-dessus de nos têtes. Nous sommes des princes en leur royaume. C’est le plus bel anniversaire du monde.

Par chrystabella : le 17/02/14 à 17:54:47

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 Je sors de mon sous marin, pour te remercier de prendre le temps de partager ce récit (super captivant)
tu as beaucoup de talent, je suis souvent morte de rire à en pleurer, en imaginant certaines situations!
J'espère, comme certaines l'on dit que tu pourra être publiée!

P.s: j'ai adoré la description du petit "mytho-Kevin" mdr!

Par idylle39 : le 17/02/14 à 19:57:20

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 Merci pour nous, en plus avec des photos c'est encore plus mieux.


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