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Rando d'un mois en Bretagne : compte-rendu

Sujet commencé par : Danae - Il y a 266 réponses à ce sujet, dernière réponse par kefiretlome
5 personnes suivent ce sujet.
Par Danae : le 11/01/14 à 17:47:34

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 Bonjour à Tous !

L’été dernier, j’ai accompli un vieux rêve en accomplissant une randonnée d’un mois sur les chemins bretons avec mon compagnon, mon chien, et bien sûr Eden, mon trotteur.

C’était une expérience magnifique, environ 350 bornes de bonheur, que je souhaite à chacun d’avoir l’occasion de vivre un jour. J’aimerais vous la faire partager via ce post, afin de vous faire profiter des belles images, des bons plans, des idées qui nous ont aidés, mais également de nos erreurs.

En effet, je n’aurais pas aussi bien planifié cette randonnée sans les expériences des autres cavaliers randonneurs dont j’ai pu profiter via ce forum, notamment grâce à de très beaux journaux de randonnée très bien écrits ; et j’aimerais rendre la pareille à ceux qui pendant les mois d’hiver rêvent de préparer leur premier long périple pour la belle saison.

C’est pourquoi je vais essayer de donner les détails techniques qui m’ont particulièrement aidés, en plus de vous raconter nos aventures ! Je m’aiderai d’un journal de rando que j’ai tenu jusqu’à la moitié du parcours, après quoi j’ai eu grave la flemme, comme il se doit pendant les vacances. Mais je me souviens de tout.
Lecteurs non assidus s’abstenir, ce sera pavé sur pavé ! Mais je vous promets une lecture aussi agréable que possible !

J’espère que ça vous plaira !

Messages 81 à 120, Page : 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7

Par JuKillou : le 21/01/14 à 16:10:12

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 J'ai tout lu d'une traite et c'est juste délirant comme expérience

Hâte de lire la suite

Par Danae : le 21/01/14 à 17:57:38

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 Merci Jukilou et Scooper ! C'est un plaisir pour moi

La suite !


Jour 21
Surlendemain.
Nous avons passé la journée de la veille à pêcher, dormir, manger, inventer des jeux débiles à base de boue, et dérangé un couple occupé à faire l’amour alors que nous cherchions le dolmen. J’ai emmené Eden se délier les jambes dans le petit sous-bois, et nous avons joué à sauter de petits troncs d’arbres qui barraient le chemin. Merlin quant à lui a pêché des kilos de carpes, qu’il relâche au fur et à mesure. Les brochets lui font des remous en forme de bras d’honneur, et ne se laissent pas attraper. Kinaï, pour sa part, à force de tremper ses pattes dans les eaux peu profondes de la berge, a fini par apercevoir les bancs de petits poissons qui s’y chauffent à midi. Une fois un peu énervé, il poursuit en aboyant les « gâteaux dans l’eau » (il connaît certains mots clés…), et creuse le sable et la boue de toutes ses petites papattes pour les déterrer. Il a tout compris. Il est trop mignon. Pouletto et lui semblent d’ailleurs avoir pris goût aux restes de poisson cuisiné.

Le lendemain, nous sommes tous reposés, fins prêts pour la suite de nos aventures. Après une dernière douche au camping et un bon repas, nous plions bagages et empruntons la D 47 plein nord pour remonter vers saint Lyphard. A mi-route, nous obliquons par de petits chemins vers le marais qui s’étend à l’est, pour tenter d’attraper le GR. Ce dernier le longe et c’est très tentant, seulement une fois rendus devant l’entrée du chemin marécageux il s’avère peu praticable pour Eden (la scène traumatisante de l’histoire sans fin où Atrax se noie dans les marécages de la mélancolie a hanté mon enfance, je ne tiens pas à la rejouer) ; encore moins pour la calèche. Dans la petite forêt de pins que nous traversons, nous longeons un élevage d’ibériques. Des chevaux surgissent entre les pins, derrière les clôtures, se figeant à notre vue, pour repartir au petit galop entre les troncs, absolument silencieux sur le tapis d’aiguilles. C’est féerique.

Nos faisons un détour par « la Breca », minuscule sous-patelin aux belles chaumières traditionnelles. La route nous approche des marais, et nous pouvons voir les premières étendues d’eau, véritable univers imprenable de roseaux, de vase et d’îlots vierges, auquel on n’accède que grâce aux petites barques amarrées à la rive. Ce genre de coin ne reçoit de la visite qu’en été, et les touristes s’y voient proposer des balades en calèche, tirées par de grandes juments trait Breton. Je dis Calèche, mais ce sont plutôt des espèces de mini-bus. Edene et moi, enthousiastes, allons dire bonjour aux travailleuses, sous l’œil méfiant des meneurs qui ne disent toutefois rien, et attendent poliment que ces touristes débraillés s’en aillent pour continuer leur travail. Nous y consentons, magnanimes. C’est vrai que nous sommes des touristes, après tout. Le coin est magnifique et rien n’entame notre bonne humeur. Surtout quand une crêperie se présente à nous, aimablement, à peine cent mètres plus loin. Et paf : nous sommes collés au menu, et je dessangle déjà Eden. Oui, nous avons déjà mangé deux heures plus tôt. ET ALORS ?

Un petit pré est gentiment prêté à Eden par les voisins, qui s’occupent également du trafic de calèches. Nous mangeons sur la terrasse, , juste à côté dudit pré, où je Eden et nous même nous contemplons mutuellement en train de bouffer, presque face à face. La situation est assez cocasse. De nombreux touristes sont attablés autour de nous, et leurs enfants ravis vont du cheval au toboggan et aux balançoires installés pour eux. Merlin, retourné à l’état sauvage, oublie de remettre un thee-shirt et se fait gentiment rabrouer par la serveuse. Il s’exécute, sous le regard discrètement déçu de quelques bobos quadragénaires (eeeh oui, c’est des beaux abdos ça madame ! MINE !! MOUHAHAHA !!! ). Oui car les touristes du coin sont de type bourgeois-bohème, ou bourgeois tout court. Ils sont bien habillés, ils parlent jeune, leurs enfants sont décomplexés et ont des prénoms à la con (Barthélmy, Stanislas, Patience, Attila, Théodore… ARF !), leurs méthodes éducatives sont douces et peu efficaces, et ils coulent vers nous des regards d’une perplexité polie, parfois mêlée de rêve. Nous sommes au diner-spectacle. C’est à mourir de rire. Si je devais choisir des touristes préférés parmi tous ceux rencontrés sur notre route, ce serait ceux-là. En plus, les crêpes étaient trop bonnes (la mienne : chèvre-confiture, avec des petits légumes. Fallait oser mais c’était réussi).

Nous avons tellement traîné en route, en plus de nous être levés tard, que nous sortons de là presque en fin de journée. Le solstice est loin et les jours raccourcissent, et quand nous arrivons aux abords de saint Lyphard il fait déjà presque nuit. Eden n’a pas trop râlé de notre lenteur aujourd’hui, malgré les trois jours de pause précédents, et je l’en récompense en lui offrant des petits galops sur les routes du bourg désertes. Je suis vraiment fière de lui. Il est à présent capable de se lancer sur le bon pied, sur simple ordre vocal, pour galoper en toute légèreté, lui qui il y a trois ans se collait sur les épaules et chargeait comme un bœuf dès qu’il en avait l’occasion. Il est incroyable.

Le degré de communication que nous avons atteint ensemble me stupéfie : nous sentons aussitôt ce que veut l’autre, s’il veut courir, ralentir, aller ici ou là. Parfois, j’ai à peine fini de penser « tiens, j’aimerais bien courir un peu » que VRAOUM, il est déjà parti. Nous avons des codes entre nous, et je m’amuse de le voir m’éduquer en même temps que je l’éduque. Il faut le voir essayer d’attraper ses rênes quand il n’est pas d’accord avec mes décisions, ou hocher violement la tête en montrant les dents quand il est vraiment contrarié. Ou me montrer le creux de ses oreilles pendant le trot, avec un geste imperceptible en forme de foulée sautée: « dis, on galope ? ». Et quand il fait semblant de me mordre le poing pour rire, ou me présente obligeamment ses fesses : « gratte-moi, esclave ». Et les petits yeux tous mignons-intéressés, avec les sourcils relevés : « Eh, vous mangez quoi ? Je peux goûter ? » Je sais qu’il est heureux, et que la confiance est mutuelle et totale. Souvent le soir, je remercie le ciel de ce cadeau. Je n’aurais jamais pensé, avant de le connaître, que les chevaux pouvaient être des amis, des personnes avec qui on est heureux de vivre. J’ai été patiente, et prudente dans son éducation pour parvenir à ce point, mais je sais que le mérite lui revient pour moitié. Je souhaite à chacun de pouvoir éprouver un jour cette reconnaissance, cette humilité face à un être qui au fond, n’a rien d’autre à apprendre que la confiance, tandis qu’il vous faut lâcher vos peurs pour l’obtenir. On s’éduque soi-même, avec les chevaux. Sur bien des aspects, c’est lui mon professeur. C’est aussi pour cette raison qu’il a une telle marge de manœuvre dans notre relation. Avec moi, c’est rênes longues, au sens existentiel. La seule limite, c’est notre sécurité à tous les deux.

Fin de la parenthèse « love-my-horse »
Nous parvenons donc à la nuit tombée à La Pierre Fendue, simple route en cul de sac s’échouant devant les marécages. Je monte une ligne d’attache sous les jeunes arbres et soigne un Eden même pas mouillé (houlala, au moins sept km aujourd’hui, terrible étape !). Puis je prépare le repas dans l’herbe, sous la lune qui monte. Merlin pêche, sa silhouette sexy se découpant sur les eaux noires. C’est la paix, je suis heureuse. Les marais sont calmes, leurs brumes glissant sans bruit dans les roseaux. Les ragondins bêlent. Quand soudain le gentil bêêê, bêêêblbl se transforme en un cri atroce, plein de terreur : BEE !!! BEEEE !!!! BEEEARGGRHHRHILLL GL GBLBLBLBblbl…. Un bruit d’éclaboussures ENORME a accompagné le cri d’agonie. Des bêlements désespérés lui succèdent (Bêê ! Bêêêê ! Bêêêêeêê = Georgette ! Georgette, répond ! NoooOOOONnn !) Deux explications possibles : un alligator fou hante ces marais et vient de trucider Maman ragondin, ou alors nous venons d’entendre le énième meurtre d’un brochet géant tueur en série qui tranche ses victimes en deux avant de les dévorer. Nous restons choqués quelques instants, puis Merlin change le fil de sa canne pour y coller un filin d’acier, agrémenté d’un trident suffisant pour un petit requin. Il n’attrapera pas le monstre. Aujourd’hui encore, il lui reste un doute. Il doit bien exister des gens assez cinglés pour lâcher des bébés alligators dans les marais ? Moi par exemple, si j’étais un peu plus stupide, ce serait une idée qui m’exciterait assez.

Mais passons. Nous mangeons un boulgour très moyen (de la bouffe de bobo, ça), agrémenté de fruits secs. Nouvelle nuit douce à la belle étoile, sous les complaintes des ragondins pleurant Georgette.

Par Danae : le 21/01/14 à 19:39:37

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 Jour 22

Nous sommes réveillés à une heure décente par deux pêcheurs du coin qui viennent se poster près de notre camp. Dès que Merlin se trouve en état de discuter dans le langage des humains (après le café et la clope), il ne résiste pas et leur raconte la mésaventure du ragondin de la veille. Des remous d’une taille suspecte confirment pour ainsi dire son histoire, et j’assiste, hilare, au changement d’attitude des deux loustics qui se mettent à lancer leur ligne comme des forcenés. Je selle un Eden d’excellente humeur et nous partons en reconnaissance au petit galop, pour constater que le GR se trouve une fois de plus impraticable. Demi-tour résigné pour reprendre la départementale, direction le nord-est, vers La Chapelle des Marais, dont le nom nous a plu. Kinaï et Pouletto sont une fois de plus remisés dans la calèche à cause des voitures, et nous rigolons de les voir se pelotonner l’un contre l’autre. Souvent, Kinaï se vautre au fond de la calèche, et très naturellement Pouletto se couche sur lui. Elle ronronne souvent, ces balades lui plaisent.

Sur la route de la chapelle, une plaie inattendue nous tombe dessus : les moustiques. Je ne sais pas, ils ont dû muter dans la région, ou quelque chose comme ça, car ils sont énormes, et munis d’une tête chercheuse, comme des missiles. Nous avons beau nous couvrir du produit à la citronnelle d’Eden, ils reviennent à la charge, et attaquent en fait presque uniquement Merlin. Il devient fou et fonce sur son vélo pour les semer, mais ils le poursuivent en nuage, comme dans un dessin animé. Le problème c’est que sa peau ne supporte vraiment pas leurs piqûres, qui sont très douloureuses pour lui. Nous tirons un trait immédiat sur notre visite des marécages, et décidons d’aller visiter les landes de Lanvaux et leur grande forêt. Cap au Nord-est : nous comptons retraverser la Vilaine au niveau de Rieux, puis filer Nord-Ouest pour les atteindre. De toute façon, contre toute attente – cr comme je l’ai déjà dit nous sommes parfois stupides – les marais sont composés de marais. Eh ouais. De la flotte, donc. Autant dire qu’à cheval et à vélo, c’est moyen, à moins de disposer d’une barge géante. Donc salut, nous retournons vers les campagnes où les vampires nous foutront la paix. Nous traversons La Chapelle des Marais sans émotions particulière (bah y’a une chapelle quoi…), et poursuivons la route direction Missillac. Au détour d’un champ, un petit panneau de bois indique « le dolmen du Loup », et le nom nous paraît bien trop magique pour résister. Nous traversons les champs de blé fauché sous un soleil de plomb, et après qu’Eden et moi soyons partis en reconnaissance (Eden est content : yahou encore du galop !), nous le dénichons, perdu au milieu d’un champ fauché.

Nous arrivons près de l’entrée en même temps qu’une petite voiture un peu pourrie, pour en voir sortir un prêtre ( !), qui le prend en photo de loin. Il nous demande si nous sommes du coin, cherchant des informations sur le lieu. Nous sommes tout à coup très timides. Qu’est-ce qu’un prêtre vient chercher ici ? Cela sent la vieille magie à plein nez, et il éludera les questions qu’on retient tous les deux en s’en allant, tout simplement. Nous sommes positivement impressionnés par l’endroit : trois rochers soutiennent une dalle, sous laquelle on a la place d’entrer. Les broussailles qui ont poussé autour ne suffisent pas à en atténuer la beauté : l’impression d’équilibre précaire des rochers de plusieurs tonnes renforce la puissance visuelle de l’ensemble. Le lieu n’émet rien de particulier, simplement, nous y ressentons une grande tranquillité, comme lorsqu’on regarde la mer. Nous repartons apaisés (quoiqu’on était pas exactement tendus, hein ), et reprenons le chemin de terre. Nous longeons une haie épaisse, et je suis prise d’une crise de fouinage, à laquelle Eden consent avec enthousiasme (mon cheval est un explorateur). Nous entrons dans la haie à travers un passage étroit, et découvrons un vieux parc paysager à l’abandon. C’est magique. J’ai l’impression d’être dans une nouvelle de Le Clézio.

Près de l’entrée, une vieille cabane à deux pièces achève de se craqueler, pleine de vieux paquets de chips et de bouteilles de soda vides, à l’ombre de quelques palmiers. Une haie de buissons bas s’en éloigne, qui furent taillés un jour, et retournent à l’état sauvage. Les ronces enlacent des feuillus décoratifs dont j’ignore le nom, et entre de jeunes saules qui essaient de pousser au soleil, des buissons de fleurs exotiques ont survécu, et font choir leurs fleurs parmi les épineux. Comme nous avançons, un petit étang se révèle, ses berges ponctuées de saules. Une petite île est aménagée en son milieu, et l’on distingue dans l’eau immobile sous le soleil les moignons calcinés de ce qui a dû être un petit ponton, des décennies auparavant.

Je reste sans voix, Eden près de moi. On se croirait dans le rêve d’un vieux romancier, ou dans un de mes souvenirs d’enfance, imprécis et flous, plus beaux que la réalité ; les souvenirs de choses que je n’ai pas vécues. C’est à cause de la lumière, qui a cette qualité pure et blonde, où jouent des particules couleur d’étoile, et aussi à cause du bruissement des saules, absolument paisible dans la fin d’après-midi. Tout ceci est totalement irréel. Merlin nous rejoint bientôt, et nous nous approchons ensemble de l’eau, une fois Eden à l’attache près d’un arbre pas trop suspect. Très bon prince, il ne râle pas contre cette pause imprévue, et entame obligeamment une sieste.

C’est là qu’une découverte magique nous propulse en plein rêve pour de bon : l’eau est pleine d’écrevisses. Des rouges, de cette espèce invasive importée d’Amérique qui pullule et envahit à toute vitesse les écosystèmes où elle est introduite. Il y en a tellement qu’on les voit rider l’eau comme elles s’enfuient à notre vue ; certaines sont grosses comme de petits homards. Nos estomacs se réveillent La chasse commence.


Je déniche dans la cabane un petit panier en lamelles de pin, un peu fichu comme une cagette, en plus profond. Je me dégotte une branche, et hop, à la baille. Merlin se fabrique pendant c temps une sorte d’épuisette avec des bouts de clôture dénichés dans les fourrés. Je longe les berges avec mon panier à demi immergé, et avec mon bâton je pousse les écrevisses, qui s’enfuient à reculons droit dans mon piège. Je n’attrappe bientôt que les plus grosses, tant elles sont nombreuses. Elles ont littéralement envahi l’étang, nous n’apercevons pas un seul poisson. Bientôt nous avons rempli le seau d’Eden, et regardons fascinés les crustacés se démembrer entre eux en essayant de s’échapper. Un animal de taille moyenne est offert à Pouletto, pour voir. Notre poule nous fait tout d’abord rire, hésitante, tournant autour de la bestiole avec des « Pout ? Pout ? CôtPout ? » intrigués, mais bientôt nous cessons de rire, et observons atterrés, presque choqués, notre mignonne petite poulette DEFONCER l’écrevisse, la démembrant avec des coups de becs exacts, d’une violence hallucinante. Bientôt il n’en reste rien, et elle revient vers nous, toute mignonne, avec des Pout Pout qui exigent encore du goûter. Nous sommes encore plus morts de rire, et nous lui donnons des écrevisses jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, et s’endorme dans un trou de poussière qu’elle se creuse, les yeux mi-clos et le jabot gonflé de morceaux de carapaces. Brrou. Vautrée, la poule.

Kinaï est moins courageux, et attendra sagement que les écrevisses soient cuites pour y goûter. Ce chien a de l’éducation. Merlin plonge bientôt les plus grosses bestioles dans l’eau bouillante, pendant que je prépare une sauce ail-persil-citron-miel, bien salée comme il se doit. Nous dégustons. Certaines ont un léger goût de vase, qui passe avec la sauce. D’autres sont carrément excellentes. Kinaï se jette dans l’eau pour attraper les carapaces que nous y balançons, et rame avec sa petite papatte pour les amener près de lui sans trop se mouiller. Nous lui dénichons un bateau-palette, sans doute fabriqué par des gosses, et il se voit proposé un tour de bateau gratuit.




Message édité le 21/01/14 à 19:36

Par Antares62 : le 21/01/14 à 23:31:59

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 waaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh quel super récit je viens de tout m'enfiler d'une traite j'attends la suite avec impatience

Par dilou : le 22/01/14 à 10:00:26

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 Tu devrais te faire éditer, c'est vraiment un récit qu'on lit avec un énorme plaisir !

Par julyka : le 22/01/14 à 12:27:47

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 Je suis fan!!!!

Me suis pour le moment arrêtée au jour 10, mais je me régale et ris parfois toute seule!!!

J'ai hâte de poursuivre ma lecture mais certaines obligations bassement matérielles m'imposent une déconnexion momentanée!

A très vite donc et bravo pour ce super récit, il aurait sa place sur le forum général pour toucher un plus grand public!

Par lysterre : le 22/01/14 à 14:11:52

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 non non sommes possessifs !!!

c'est rando il reste sur le forum rando ...non mais !!!

et puis comme cela il ne va pas sombrer trop vite dans les oubliettes...

les randonneurs le trouvent..d'ailleurs tu l'as bien trouvé..


bon c'est à Danaé de décider car après tout c'est son post !!!

Par nicolec : le 22/01/14 à 15:24:10

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 Bonjour.
Passionnant. Que d'aventures. ça fait rêver et envie... Vite, Vite la suite !!!

Par TIPY02 : le 22/01/14 à 16:13:34

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 Bonjour, super récit, j'ai lu toutes les pages hier et suis devenue comme beaucoup, impatiente de connaître la suite de votre randonnée

Par TIPY02 : le 22/01/14 à 16:13:54

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Par Danae : le 22/01/14 à 20:53:07

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 Waaaaah Merci pour vos compliments !

Je vais me remettre au boulot dès tout de suite pour la peine !
Julika je préfère carrément le forum rando, c'est trop rapide pour moi sur l'autre !


Et Dilou, bah du coup je crois que je vais fouiner pour voir s'il n'existe pas des éditions régionales à vocation touristique... Il faudrait que je retravaille tout ça un minimum, histoire de virer les grossièretés les plus flagrantes et aussi d'en remettre une couche sur les descriptions des lieux visités... Jvais y réfléchir...


Mais le récit de première fraîcheur est pour vous !!

Au boulot !

Par kefiretlome : le 22/01/14 à 21:35:22

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Et puis éviter de parler ouvertement du vol du poulet...
Disons que vous l'avez "trouvé", ça suffit

Par Antares62 : le 22/01/14 à 21:50:07

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 je plussoie Kefiretlome pour pouletto

Par dilou : le 22/01/14 à 22:41:01

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 Oui... et puis deux-trois autres trucs pas tout à fait légaux, pareil...

Par Danae : le 22/01/14 à 23:07:47

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 Hahem... hum en effet Je maquillerai tout ça, hein.; Ce sera notre secret


SUITE !!!



Nôtre goûter bourgeois terminé, Pouletto et Eden son tirés de leur sieste pour repartir sous un soleil moins violent, car la fin de l’après-midi approche déjà. Avant la nuit, nous voulons atteindre le château de la Bretesche (à vos souhaits), rien que pour nous offrir le plaisir de traverser ensuite le petit bout de forêt à laquelle il s’adosse. Nous traversons l’autoroute par un pont, et il ne manque plus qu’une clope à Eden pour avoir l’air encore plus relaxé du slip, tandis qu’il regarde les poids lourds passer sous lui d’un air vaguement intéressé. Je me rappelle, les premières semaines ; il n’avait que 3 ans et je ne le montais même pas encore. Je l’avais amené en main sur un petit pont juste au-dessus de la gare, pour attendre une copine qui arrivait en train. Avant que j’aie eu le temps de dire ouf, DEUX trains s’étaient pointés en même temps, et s’étaient garés sous le pont dans un bruit d’enfer. LE truc trop flippant. Il avait à peine remué les oreilles. Je m’étais dit : Bon. Ça devrait aller.


Paye ton castel !!

Nous atteignons immédiatement le château, qui est une espèce de pure merveille gothique, abritant un restaurant Relais-Château. Nous restons un peu éberlués devant les grilles dorées, et n’osons pas entrer, pour le coup. Leurs allées sont nettes, balayées à la brosse douce ou je ne sais quoi, leurs pelouses tondues au millimètre, et leurs arbres sans doute rangés par ordre alphabétique. J’imagine assez mal un gros crottin fumant au milieu de tout ça. On se contente de regarder de loin, tandis que Merlin m’explique à quel point ces restaurants font dans le haut de gamme. Il me cite l’anecdote d’un ami y ayant travaillé, et ayant touché avec son équipe un pourboire de quinze mille euros, de la part d’un client content. Les repas, ou le vin, peuvent présenter une addition à quatre zéros dans certains établissements. Mais à vrai dire, celui-ci présente une carte plutôt abordable, et si nous étions plus friqués, nous irions bien faire les malins et nous faire servir comme des princes dans le château de la Belle et La Bête. Mais nous ne le sommes point, et nous passons notre route, essayant de trouver un passage vers la forêt. Un type du coin nous renseigne : la forêt est privée, pas moyen d’y poser un sabot. Évidemment. La carte nous l’avait soufflé, mais j’espérais trouver un passage.



Nous contournons le parc, longeant le mur d’enceinte du château, et plongeons dans un petit vallon plein d’ombre où la route s’en va se perdre. L’ambiance est étrange, dans le soir qui tombe. Nous croisons une femme étrange, vêtue d’une façon débraillée, comme une pauvresse tout droit sortie d’un conte sur le bord de la route. Elle nous jette un regard fou. Une sorcière ! Eden et moi conjurons le mauvais sort par un long galop le long de la côte qui nous tire de ce vallon maléfique. Eden charge, à l’ancienne, joyeux comme tout. Merlin nous suit en hurlant après nous, égoïstes que nous sommes, de l’abandonner ainsi à une côte sans la longe providentielle. Nous amarrons le bazar, et roule ma poule, nous parvenons bientôt aux abords de l’étang de Kernevy, où une jeune jument hurle littéralement à la vue d’Eden, toute seule dans son pré. Elle est presque en transe d’émotion, la pauvre, tandis qu’Eden lui accorde à peine un petit snif-snif de bonjour, avant de plonger le nez dans l’herbe, comme à son habitude. Pour l’instinct grégaire, il repassera, je sais. Bon, je ne m’en plains pas c’est plutôt un avantage !
Nous décidons de dormir près de l’étang qui s’étend à nos pieds, cerné sur un côté par la forêt. En fait, sa taille en fait plutôt un petit lac, et dans la nuit qui monte, la lumière de la lune éclaire sur les eaux des centaines de nénuphars en fleur. Le chant des grenouilles s’élève des rives, où la lune joue avec les ombres. C’est parfait pour nous, il n’y a pas un chat.

Nous tendons la ligne d’attache entre de petits hêtres qui poussent près de l’eau, et servons à Eden son repas de maïs. Les gestes du soir se rejouent une fois de plus ; je prépare le repas tandis que Merlin lance sa cuiller entre les nénuphars. Pouletto et Kinaï prennent leur repas après nous, puis je câline tout le monde en attendant de dormir. Eden est heureux, l’herbe est très verte ici et il rase tout le périmètre accessible. J’ai pris l’habitude de lui laisser autant d’allonge que possible, afin qu’il puisse se coucher, et brouter autant qu’il veut. Il n’a jamais fait de prise de longe, ce qui valide pour moi le système de la longe passée dans l’anneau du montant de licol. Toutefois ce soir, j’ai été un peu rapide sur le nœud d’attache, à l’opposé du nœud tendeur. Pendant le repas, nous entendons le bruit de mastication familier s’éloigner doucement sous les arbres. Récupération express d’un certain fugueur qui trimballait paisiblement ses 20 mètres de cordes derrière lui. Vilain Poulain (nouveau surnom du moment, qui lui est resté depuis).

Nous nous endormons, le cœur serré par les appels lointains de la jument solitaire, qui sent Eden tout proche. Nuit calme sous la lune… sauf que non. Je fais des rêves de malade mental.

Vous voulez un aperçu ? Je m’en rappelle encore un peu. Je rêve que je meurs sur cette rive, tuée par accident par un chasseur, qui tue une biche, et dont la flèche, lui traversant le cou, transperce aussi le mien. En fait j’étais peut-être une biche. Me rappelle plus. Je me retrouve dans le monde des morts, sur cette même rive, parfaitement semblable, à l’exception de ce détail : chaque objet y apparaissant est le reflet inversé de son image vivante. Le concept n’est pas si tordu, pris dans son contexte. D’autres morts viennent me voir, me consolent, et m’expliquent comment vivre avec eux : il faut manger des œuvres d’arts ultra colorées, et suivre des préceptes qui permettront d’accéder au monde suivant. Le paysage devient totalement psychédélique tandis que j’essaye de manger un dessin d’arc-en-ciel composé de couleurs magiques, au milieu d’une foule de morts, de plus en plus bigarrée. La pluie se met à tomber, ou plutôt à monter, car elle s’élève du sol pour partir vers le ciel, image inversée de la pluie du monde vivant. J’étends mon manteau à terre pour pouvoir me reposer au sec, en digérant mon arc-en-ciel. Je vous épargne la suite, ça continue dans le délire (et puis je l’ai oubliée).

Précision : Non je ne me drogue pas (pas beaucoup , )et oui je vais bien. C’est comme ça toutes les nuits parfois !

Je me réveille atterrée, au petit matin. Notre voyage m’avait habitué à des nuits plus calmes. Merlin m’écoute expliquer ma nuit, hilare devant mon air effaré, encore toute imbibée des émotions vécues. « C’est pas grave. Lààà, ça va aller (muhuhu). » Arf. On voit bien que c’est pas lui qui est mort.



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Par Danae : le 23/01/14 à 00:40:16

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 Jour 23
Pendant que je balbutie des suites d’extraits psychédéliques en essayant d’être réveillée, mon amour prépare le café, avant de lancer sa ligne du matin, pour y perdre une cuiller (putains de nénuphars). Le petit déjeuner englouti, la chaleur est déjà sur nous, et je décide d’exorciser ma nuit par un bon bain. Et Plouf. Mode Naïade : ON. Je me la joue un max à nager parmi les nénuphars en essayant d’avoir l’air le plus aquatique possible. Je fais des bonds et des galipettes hors de l’eau pour essayer d’impressionner Merlin, puis je retourne vers la berge pour kidnapper Kinaï et l’obliger à prendre un bain. Il se démène pour nager, à peu près aussi crédible qu’un poulet sans pattes se démenant dans un saladier de corn-flaques. Il est nul. Pouletto non plus n’apprécie pas du tout la blague, et nous hurle des insultes nazies en poulet, les plumes hérissées de colère. Avec tout ça j’ai donné envie à mon amoureux de se baigner aussi, et il se baigne à son tour, tandis que je sèche au soleil, couvant du regard mon chien, très occupé à poursuivre les libellules comme s’il les prenait pour des biscottes volantes. L’univers est en paix dans un périmètre immédiat. Jusqu’au moment où Merlin décide que la meilleure technique pour se sécher après le bain, c’est de se battre dans l’herbe. BASTON !

Après avoir chacun notre tour bouffé du gazon, le camp est levé dans la meilleure humeur du monde. Nous quittons la place, croisant sur l’herbe un couple dont la séance de bronzette dégénère manifestement d’une très impudique manière. Des enfants qui s’éclaboussent dans l’eau un peu plus loin provoquent chez Eden au petit galop l’un des rares écarts de trouille du périple. Y’en a un qui n’est pas réveillé !
Quelques cinq kilomètres plus loin, nous nous paumons un peu, avant de retrouver la route de Saint Dolay. Bientôt nous rejoignons la D114, qui nous permettra de retraverser la Vilaine juste en dessous de Rieux.



Nous retrouvons avec plaisir les paysages cultivés de la vallée fluviale, et les odeurs des terres limoneuses que le soleil martèle. Ledit soleil décline quand nous passons le pont levant au-dessus des eaux vertes du fleuve breton. Près des rives, une roulotte gitane ponctue la route de terre qui finit là, à l’extrême bord des derniers champs. Des chevaux à l’allure à la fois noble et efflanquée broutent l’herbe sèche alentour, attachés à des piquets fichés en terre, auprès d’une vieille mobylette et de monticules de ferraille rouillée. Un entier gris chante après Eden, piaffant sa plus belle danse d’intimidation au bout de sa chaîne qui tinte. Eden le regarde, paisible, comme s’il s’agissait une vulgaire vache. Il a eu sa dose de trot du jour, il se sent bien. Les étalons peuvent chanter.

Nous obliquons au premier virage qui suit, à la vue d’un panneau qui éveille notre intérêt : « Grand concours de pêche international : demain ». Tu parles qu’on veut voir ça. La route de terre nous conduit une nouvelle fois aux abords de la Vilaine, où s’agglutinent doucement les camions des organisateurs dudit concours. Nous débarquons en plein sur leur aire de jeux, devant les tonnelles qu’ils ont monté pour faire un peu d’ombre à leur buvette et à leur magasin d’articles de pêche. Les types sont ravis de voir débarquer un gros bourrin. Chasse, pêche et PONEY, même combat ! On fait copain, et ils nous expliquent que des centaines de participants venus de tous les pays sont attendus pour le lendemain. Un gros concours, LE truc de l’année que les passionnés du monde entier attendent depuis un bail. Bon. Moi je m’en fous un peu, de leur bazar, mais les types sont sympas et filent du pain à Eden (qui aime bien quand c’est mou, ça lui permet de faire le mariole en secouant la tête). Nous décidons donc de monter le camp pas trop loin, dans un petit champ de blé moissonné que le cultivateur a eu la bonne idée de clôturer proprement. Le blé a depuis longtemps été remisé, et le regain a poussé en abondance, créant une sorte de super-paradis à sauterelles. Pouletto, sitôt sorti, devient cinglé et passe en mode miniraptor. Je ferme l’entrée du champ avec les cordages, et je lâche Eden sur la première botte de paille.

Eden a un truc avec les bottes de pailles. Dès qu’il en voit une, il faut qu’il se jette dessus, pour se frotter dessus de toutes les forces de ses 500 kg, à tel point qu’il finit parfois les deux antérieurs dessus. Quand je suis sur son dos, je peux m’amuser à la lui faire déplacer sur quelques mètres, en faisant gaffe de pas me faire coincer la jambe. Il y met tout son cœur : ça gratte, et c’est marrant, ça roule. J’adore ce cheval.

Nous collons deux bottes de pailles côte à côte et montons le camp juste derrière, à l’abri des regards des passants qui se succèderont bientôt sur la route, en chemin vers la gloire poiscaillesque. Je retourne trouver les pêcheurs pour leur demander de l’eau, et repars les bras chargés de baguettes, d’une pleine bouteille de café, et une d’assiette de côtelettes brulées pour mon chéri, en plus de mon chapelet de gourdes. Ces types sont chics.

Nous préparons une bonne omelette avec des œufs achetés plus tôt, et par un malheur intersidéral sans précédent, notre casserole finit dans l’herbe. Nous sommes dégoûtés. Pouletto et Kinaï beaucoup moins. Nous nous rabattons sur une chère plus simple, avant de nous préparer à dormir. J’étrille longuement Eden avec des poignées de paille sous le ciel rouge, tandis que des vanneaux, égarés dans les haies entre deux migrations, lancent dans l’air du soir leur appel lancinant.



Par Antares62 : le 23/01/14 à 00:46:47

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 encore encore

Par Danae : le 23/01/14 à 00:53:41

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Rraaah, comment c'est trop cool d'être encouragée à écrire en pleine nuit ! \o/

Mais la suite demain, l'appel de la douche et du lit résonnent dans mon cerveau ! Agna dodo.

Merciiiiii !


Par JuKillou : le 23/01/14 à 11:54:00

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 hâte de savoir la suite pour Pouletto

Vous l 'avez gardé?

Par Danae : le 23/01/14 à 13:31:41

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 Bien sûr ! Le souci s'est qu'on habitait en ville, et elle a passé deux mois sur notre balcon transformé en poulailler.

Pour finir on l'a confiée à un ami vivant à la campagne, qui a un poulailler. On a déménagé depuis à la cambrousse, et on va la récupérer bientôt. Elle nous manque

Elle a dû commencer à pondre des oeufs depuis.

Quand on l'a mise dans le poulailler avec ses copines, elle était toute timide, et restait près de nous, c'était à fendre le coeur. Les autres poules étaient bêtes à côté d'elles, c'est pas une blague, elles avaient l'oeil stupide, alors que Pouletto a toujours l'air d'être en train de manigancer un truc. C'était trop triste de la laisser là, j'avais l'impression de laisser mon enfant dans un internat plein de gosses méchants.

Par Danae : le 23/01/14 à 16:43:10

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Message édité le 23/01/14 à 16:39

Par Norie : le 23/01/14 à 21:50:49

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Bon moi je suis encore à la bourre, j'en suis qu'au début de la page 2 ! Du coup je réagis pas trop parce que je suis en décalé, mais je lis avec grand plaisir dès que j'ai le temps ! (je sais, je lis pas vite...). Mais je viens de voir ton dernier message, et je suis trop contant pour Pouletto ! J'appréhendais un peu la chute pour elle... Ben oui, même les lecteurs s'attachent à elle ! Et puis contant aussi pour vous, parce que la campagne c'est quand même nettement mieux que le béton de la ville !

Par tipouni : le 25/01/14 à 22:36:13

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 et .. ?

Par Antares62 : le 25/01/14 à 22:36:49

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la suite

Par lysterre : le 26/01/14 à 22:00:51

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 alors après un we famille et gestion d'enfants bien vivants . ..fort sympathiques mais qui doivent manger régulièrement ,se dégourdir ,jouer...se laver ,dormir

la confirmation que décidément non suis pas faite pour une famille nombreuse

et un temps de merde

mes chevaux trempés...et pourquoi ils ne vont pas dans la grange ces "abrutis"...c'est sec ,le foin est à dispo..parfois leurs raisons m'échappent..

installée enfin tranquille sur mon canapé je savourais d'avance la suite de ma lecture....et pas de nouvelles pages....

suis éffondrée

bon je vais au lit...

Par kefiretlome : le 27/01/14 à 00:12:26

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C'est ça, savoir entretenir le suspense

Bon, et vous, il ne vous arrive jamais de vous absenter pour le week end ?

Patience !

Par tipouni : le 27/01/14 à 08:52:09

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 non, on ne s'absente pas le week end quand on a commencé un texte pareil !!

Par kefiretlome : le 27/01/14 à 10:56:52

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Vous imaginez qu'elle nous fasse le coup façon Cheval Masqué, et qu'elle ne nous mette jamais la suite ?

Ou alors, qu'elle nous mette un truc du genre "pour connaître la suite, achetez mon bouquin aux éditions tartempion, sortie la semaine prochaine, 15,90 € seulement"

Par Antares62 : le 27/01/14 à 10:58:28

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 kefiretlome tu rigoles mais j'y avais pensé

Par lysterre : le 27/01/14 à 11:34:37

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 ah mais non n'allez pas lui suggérer de telles idées !!!!

ou plutôt si mais nous sommes le comité de lecture et "censure"...nous devons valider d'abord..

et donc tout lire


ps....moi aussi le we j'oublie souvent l'ordi..

Par JuKillou : le 27/01/14 à 13:12:07

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 Je travaille toute la semaine 9 heures/jour sur un ordi, c'est no way le weekend.

Et puis, il ne faut pas oublier que cela fait 6 mois qu'elle a fait son voyage donc faut du temps pour tout se remémorer

Par julyka : le 27/01/14 à 17:09:33

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 Ca y est, j'ai rattrapé mon retard et ai tout lu!! J'adore!!!

Certains passages m'ont même donné des frissons... Bravo Danae!!

Par Sahel46 : le 27/01/14 à 21:06:03

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 Décidément, on est gaté en ce moment sur le forum avec les talents d'écriture de Danae et de Loups!

Allez Danae, reviens, tu m'embarques complètement dans ton récit! (et si un jour tu veux visiter la Corrèze, nous vous accueillerons avec plaisir si nous sommes sur votre route!)

Par lisis : le 27/01/14 à 21:09:21

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 han y'a pas la fin !!!!

j'ai tout lu d'un trait, merci de prendre le temps de nous raconter tout ça

Par Danae : le 27/01/14 à 23:40:58

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 Yaaahaaa ! I'm back !
Merci pour tous vos messages ! J'étais en effet partie en weekend, et c'est pas pour vous dégoûter mais il y était question d'un gîte avec piscine et sauna et hammam et jacuzzi. Ouais. Tralalala. Donc j'ai pas trop pensé à écrire


Mais demain je rattrape ça et je vous en met une grosse tranche pour me faire pardonner. Avec plein de photos débiles. Et non, y aura pas de foutage de gueule du genre de naaah, finalement j'écris pas la fin, la flemme Je pense que mon Karma en prendrait un coup !

Et oui Sahel, ce seraitt avec plaisir que je passerai te voir si je voyage par là ! Mais toute façon pour la prochaine grosse rando j'essaierai de poster une annonce pour voir si des gens du forum se trouvent sur la route, et seraient intéresses pour en faire un bout !

Merci de me suivre ! Merci de me supplier ! C'est si BON !!

Par Danae : le 27/01/14 à 23:45:58

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 Elle a écrit un truc cool Loups ? J'ai pas trouvé de post d'elle ? J'aimerais bien lire ses messages aussi ! C'est sur quel forum ?

Par Danae : le 28/01/14 à 22:22:03

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 SUITE ! Tindin !

Avec pour commencer un passage oublié :

Interlude : Je m’aperçois que j’ai oublié une rencontre importante, immédiatement après notre goûter-écrevisses. Nous avançons sur une petite route ombragée, et nous venons juste de croiser un très bel entier Pinto qui a crié comme un fou après Eden. Nous avons une fois de plus échangé nos montures, et je me fais un plaisir de détendre à coups de pédale les muscles de mes cuisses spécialisés dans l’équitation, tandis que d’autres travaillent à leur tour. Soudain Eden aperçoit un troupeau de juments Pinto qui l’appellent près d’une jolie maison, et patatatataclop, je vois mon Merlin et un Poulain hors de contrôle qui se carapatent dire bonjour. Bon. Comme nous récupérons les troupes, le gentil propriétaire des lieux vent nous saluer. On commence à papoter chevaux : il élève de très beaux Pintos depuis des années, et nous entamons une discussion d’initiés qui semble le ravir. Je coule des regards vicieux vers Merlin en parlant modèle, santé du pied et dégradation des races américaines en France avec des termes choisis, en repensant aux nombreuses discussions de pêche hermétiques à ma connaissance subies au cours du voyage. Gnarkgnarkgnark.

Nous commençons à repartir, et nous nous apercevons que nous avons crevé. Le gentil monsieur, visiblement ravi de pouvoir prolonger la rencontre, apporte très courtoisement tous le nécessaire de réparation à Merlin, avant d’ouvrir un grand paddock à Eden. L’endroit où il vit est vraiment beau ; en plus de ses chevaux, l’homme s’occupe d’élever des lapins, des chèvres et des poules, et écoute tranquillement la radio en bricolant je ne sais quoi dans son appentis de bois brut. Merlin et moi restons un peu rêveurs devant son mode de vie paisible, et les bêtes dont il s'est entouré pour sa retraite. Est-ce qu’on aura cette chance à cinquante ans ?

Il nous invite ensuite à boire un coup, et nous découvrons un peu émerveillés la garçonnière qu’il s’est bricolée dans le sous-sol de la maison. L’humidité des murs de ciment défraîchi décolle des pans entiers de papier-peint jaunâtre, et tâche de brun les posters de chevaux accrochés un peu partout. Dans les coins, des monticules de bric-à-brac s’entassent au milieu de cagettes de légumes et de vieux journaux accumulés. Un pinson, qu'il a recueilli et soigné, sautille dans une vieille cage près de la porte, et pousse son cri flûté comme nous passons, pour nous assoir sur la table de bois massif qui trône dans la pièce, près de l’évier noir de crasse. Nous sommes un peu fascinés, et nous buvons des verres d’eau pétillante fraîche comme il nous raconte ses aventures de dresseur de chevaux casse-cou, à la fois modeste et incroyablement doué. Ses yeux brillent d’émotion durant les quelques silences qui ponctuent nos échanges. Il semble plus vieux ici qu’à la lumière du jour, tandis qu’il nous désigne sur les murs les photos jaunies de ses anciens champions. Il semble bien seul avec sa passion, et nous en parler le remue. Sa femme n’aime pas les chevaux. En passant à l’étage pour me rendre aux toilettes, j’entre sur un autre territoire : le sien. La maison est aussi propre, décorée, kitsch et rutilante que le sous-sol est sale et bordélique. Sa femme regarde la télé, calée dans un fauteuil à housse fleurie.

Nous quitterons cet homme un peu secoués, mais diablement heureux de la rencontre. Je crois que nous l’avons déçu en refusant son invitation à souper, mais nous avons bien peu avancé aujourd’hui, et le soir est encore loin. Nous partons un peu à regret, tandis qu’il reste longtemps sur le bord de la route, à nous saluer de la main.

Fin de l’interlude !



Message édité le 28/01/14 à 22:15


Message édité le 28/01/14 à 22:18

Par Danae : le 28/01/14 à 21:53:57

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 Nous retournons au jour 23 de notre aventure, où nous nous éveillons derrière notre botte de paille au son des camping-cars et des camions qui ont commencé leur rué vers le concours de pêche. La journée commence par des tartines de pain au miel trempé dans le café : Eden réclame sa part. Pouletto est libéré et part à la chasse aux sauterelles. Merlin et moi jouons comme des gosses à sauter sur les bottes de paille, et le jeu dégénère en une partie du roi de la botte, qui consiste à dégager violemment votre prétendant au trône de paille. Devinez qui perd. Je me retrouve suspendue par un pied, la tête en bas, à hurler de rire pendant qu’il me chatouille (je sais, c’est horrible), sous le regard consterné des pêcheurs russes, hawaïens, slaves ou polonais qui se succèdent sur le chemin.

Merlin décide ensuite que le moment se prête bien à une séance de perfectionnement à cru avec Eden. Eden décide que non.
Me promenant tranquillement au fond du pré avec Pouletto pour l’aider à attraper des sauterelles de petit-déjeuner (elle est un peu nulle), je vois Eden courir vers nous en mode trotteur de l’enfer, exécutant au galop des pas chassés en même temps que des sauts de moutons, avec Merlin sur le dos très occupé à ne pas mourir, et à garder ses organes génitaux intacts. Par miracle, tout le monde s’en sort indemne, organes compris. Eden, même pas mauvais, à l’air plutôt content, et nous sert son regard de « hahaha c’était marrant, tu sais pas monter du tout en fait ! On le refait ? »

Je selle le bougre, et pars en mission flotte pendant que Merlin emballe nos affaires. Pour lui apprendre un peu, et aussi pour frimer un max devant la gent masculine qui s’amalgame sur les berges, je le lance dans un grand galop vers le campement des pêcheurs. Malheureusement, son humeur n’a pas changé, il me rabat mon clapet en virant brusquement dans un champ dans un virage serré, avant d’essayer de prendre le large : « Ouiii ! Courir à fond, mais quelle bonne idée ! VERS L’INFINI ET AU DELAAAA ! ». J’ai toutes les peines du monde à le ramener vers le camp sans cassage de gueule, et ce sont des types hilares qui me servent mon eau. Bien obligée de sourire en voyant Eden plonger son gros nez dans le seau en m’aspergeant le jean, puis demander des friandises à tout le monde (il se rappelle du pain offert la veille). J’avais qu’à pas faire ma maline, là !

Départ sous un nouveau soleil, dont la lumière se teinte subtilement d’or poudreux au fil de l’avancée de l’été. Les journées de cagnard blanc nous semblent déjà loin. Nous reprenons les petites routes longeant la vallée fluviale cultivée que nous avons suivi plus tôt dans notre voyage, retraversant avec émotion les mêmes paysages sur une demi-douzaine de kilomètres. Au niveau de Bocquereu, nous quittons nos traces pour obliquer plein nord vers La ville au Vent (pour le plaisir du nom), avant de mettre le cap au nord-ouest, direction les landes de Lanveaux. Sur la route, nous dépouillons un cerisier aux excellents fruits jaunes, et je mets la main sur un grand bâton qui me donne une super idée. Je vais – encore, hélas – réinventer l’équitation. Mon enfance a été hantée par ces illustrations campagnardes naïves, où l’on voit un mouchard au joues rouges et à l’air exagérément choupi monter un petit âne en l’appâtant avec une carotte pendue par une ficelle à un bâton. La chose est-elle seulement scientifiquement possible ?

La suite de nos aventures nous prouvera que oui, quand un Eden rendu furieux lancera de grands coups de dents frustrés vers la baguette qui pendouille au bout de ma perche, manquant de prendre son trot de combat pour attraper la bouffe qui se dérobe devant ses pas. Amarré par la longe au vélo de Merlin pour affronter une côte, il illustrera brièvement et dans toute sa gloire un monument parmi les clichés ruraux de mauvais goût. La blague ne durera pas : il finit par choper la baguette et manque d’avaler la ficelle avec, dans son empressement. Dans ma grande sagesse équestre, j’en conclus que cette nouvelle alternative à l’impulsion de la jambe présente un avenir techniquement limité. Il faudrait une putain de réserve de baguettes.

Par Danae : le 28/01/14 à 22:16:33

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Nous faisons une pause repas aux abords d’un joli lavoir ombragé. Pendant que Nous grignotons une bonne salade de tomates, Merlin coule des regards fourbes vers les gros canards occupant un très beau poulailler, près d’une grande maison de campagne. Nous observons discrètement les abords… Quand les occupants du lieu débarquent pour nous offrir une grande branche de leur cerisier, couverte de bigarreaux géants. Mince, on a encore failli être cons. Nous les remercions, honteux et hilares à la fois. La vie est belle.

Après une petite chasse aux grenouilles réglementaire dans le bassin du lavoir envahi d’herbes aquatiques, we’re on the road again.

Passé Caden, nous commençons à chercher le bivouac du soir, et découvrons au détour d’un virage une belle aire de pique-nique aménagée, près d’un petit ruisseau. Le temps se couvre lentement, et nous sommes ravis de découvrir sur place une petite cabane de bois, destinée aux campeurs du coin désirant cuisiner au sec. Le bivouac est monté, et je tends la ligne d’Eden entre deux grands arbres sur une zone suffisamment herbeuse. Tandis que nous montons le reste du camp, je m’aperçois qu’Eden frappe violement l’humus depuis un moment, et me regarde avec une certaine insistance. Je mets un moment à identifier le problème, jusqu’à ce que je sente une brulure aux jambes. Et pour cause ! C’est l’attaque des fourmis rouges tueuses sur ses pauvres mignons pâturons ! Je le déplace près de la table de pique-nique où nous préparons un truc délicieux dont j’ai oublié la nature. Eden se place bien en face et nous sert le regard du cheval battu pour obtenir des échantillons.

La nuit venue, Merlin dort dans la cabane, Pouletto bien calé à ses côtés dans une cagette, ronronnant à donf. L’espace est exigu et, habitué au confort des nuits sans murs, je m’entête à essayer de dormir dehors, malgré le ciel qui se charge et crachine des avertissements. Je me réveille bientôt sous l’averse, et me traîne avec horreur entre les murs de bois malpropre. Kinaï, ce lâche, a depuis longtemps quitté mon duvet menacé d’humidité pour se réfugier sur les fourrures de Merlin. Je dors bien malgré tout, l’intérieur de mon duvet étant par chance resté sec. J’en serai quitte pour le faire sécher au petit matin.





Par kefiretlome : le 29/01/14 à 00:33:21

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Va sur le discussion, c'est un post qui s'appelle "un peu d'évasion ?"
Il s'agit de nouvelles.
Elle est romancière

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