La suite de mes aventures n'est pas triste... Vu la déprime menaçante, G. me propose de passer le we en Afrique du Sud. Vu que la situation, toujours tendue et incertaine n'évolue guère, on se prépare à partir vendredi pm. Ce qui devait être un petit we d'escapade tourne à la fuite en règle.
Vendredi matin, j'ai prévu de déposer les enfants chez des petits copains. Dans ma rue, devant la maison d'un ministre, je vois deux hommes armés à la place des militaires gardant habituellement la maison ministérielle. De vrais "men in black": tout de noir vêtu, arme en bandoulière, lunettes noires et la tronche qui va avec tout ce package (je les aurais bien pris en photos, mais pas sûre qu'ils auraient apprécié). Au retour, je croise un convoi de plusieurs camions militaires, alors que l'armée est sensée être rentrée dans ses casernes... Drôle d'ambiance...

A 11h, G. m'appelle. Il faut que je me dépêche à finir les valises et aller chercher les enfants. On quitte Maseru ASAP! Les Nations Unies évacuent tout leur personnel non indispensable, tout le personnel de la Délégation Européenne doit aussi quitter la ville très vite. Le général limogé est en train de positionner des hommes sur les hauteurs de Maseru. Ils ont des armes longues portées et des snipers parmi eux. En même temps, des troupes sud-africaines sont vues en train de passer la frontière vers le Lesotho. Après un coup de fil au numéro 2 de l'armée qui dit "il serait peut-être bien que vous sortiez vos familles de Maseru. Très rapidement... ", on sait que ça va péter. A 13h, on a passé la frontière. G. est sans cesse au tél pour s'assurer que tous les membres de la Dél. sont sortis du pays. Le moment le plus étrange a été le coup de fil de l'ambassade de Chine demandant à G. ce qui se passait et s'ils devaient aussi évacuer... Euh, mon petit mari conseillant les Chinois, c'était assez gag.

Officiellement, ce n'était pas une évacuation. La Del est toujours ouverte et Bruxelles refuse d'ordonner le rapatriement des familles puisque qu'il ne se passe... rien. Et effectivement, après ce coup de chaud de vendredi, il ne s'est rien passé, en tout cas, rien n'a éclaté. Conférences de presse des différents partis, manifestations en prévision, annonce de réouverture du Parlement, puis finalement prolongation de sa fermeture, menaces de part et d'autres, mouvement de troupes, menaces déguisées, déclarations des Sud-Africains qui "vont aller chercher Khamodi -le général rebelle - par la peau des couilles"....

Cela va exploser, mais on ne sait pas quand, on ne sait pas où... Cette tension, cette incertitude, cette insécurité latente sont épuisantes. Je préfèrerais que ça éclate, une bonne fois pour toutes et qu'on sache où on va, de quoi demain sera fait.