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Principaux parasites internes du cheval

Parmi les parasitoses digestives dues à des "Grands Strongles", les affections à Strongylus edentatus et Strongylus equinus, bien que moins importantes que celles liées à Strongylus vulgaris, tiennent une place non négligeable. D'autres "Grands Strongles", les Triodontophorus peuvent également provoquer des troubles cliniques voisins.

Généralités

Bien que moins fréquemment observés que les strongyloses dues à S. vulgaris, d'autres espèces de "Grands Strongles" sont responsables d'affections parasitaires non négligeables des équidés. Dans la sous-famille des Strongylinés on trouve deux espèces du genre Strongylus (Strongylus edentatus et Strongylus equinus) et plusieurs espèces du genre Triodontophorus (T. brevicauda minor, T. serratus, T. tenuicollis).

- Espèces affectées:

Tous les équidés: chevaux, poneys, ânes, mulets, zèbres.

- Répartition géographique:

Parasites cosmopolites rencontrés dans le monde entier.

- Importance:

La prévalence des ces différents "Grands Strongles" est quelque peu inférieure à celle décrite pour Strongylus vulgaris. Aux USA, la prévalence de S. edentatus était de 79% et celle de S. equinus de 6% dans une étude portant sur 513 chevaux de 1956 à 1983. A l'inverse, une étude comparable réalisée en Australie a montré une prévalence de 23% pour S. equinus et Triodontophorus sp, mais l'absence de S. edentatus.


Photo Laboratoire Mérial

Biologie de Strongylus edentatus et de S. equinus

Les adultes de S. edentatus vivent fixés sur la muqueuse du caecum et du côlon ventral. Il existe un dimorphisme sexuel, les mâles mesurant 23 à 28 mm de long sur 1,3 à 1,5 mm de large et les femelles de 33 à 44 mm de long sur 1,6 à 2,2 mm de large. La capsule buccale, de type cupuliforme, est dépourvue de dents. S. edentatus n'est pas hématophage mais se nourrit en aspirant des fragments de la muqueuse intestinale et peut en consommer de 4 à 20 grammes.

Les adultes de S. equinus sont également fixés sur la muqueuse intestinale et sont de taille beaucoup plus grande. Les mâles mesurent 26 à 35 mm de long sur 1,1 à 1,3 mm de large et les femelles de 38 à 55 mm de long sur 1,8 à 2,25 mm de large. Leur capsule buccale est ovale et porte des dents coniques. Après fécondation, les femelles pondent des œufs ellipsoïdes mesurant de 80/90µm sur 45/50µm et contenant 16 à 32 blastomères. Ces œufs sont rejetés avec les matières fécales dans le milieu extérieur. Ils ne sont pas différentiables des autres œufs de grands strongles et difficilement de ceux des petits strongles. Les œufs de grands strongles sont plus courts avec des extrémités arrondies, alors que les œufs de petits strongles sont plus allongés avec des extrémités plus étroites.


Photo Laboratoire Mérial


Lorsque les conditions climatiques sont favorables (hygrométrie proche de la saturation et température comprise entre 15 et 27°C), les œufs donnent naissance à des larves rhabditoïdes de Stade 1 (ou L1) qui se transforment en quelques jours en larves L2 puis qui muent à leur tour, sans quitter leur enveloppe, en larves strongyloïdes infestantes L3. Cette évolution peut se faire en 6 à 10 jours si les conditions climatiques sont favorables. Sinon, le cycle de développement s'arrête au stade L2 et reprendra son évolution dès que les circonstances seront à nouveau favorables. La survie des larves peut durer plusieurs mois même à des températures proches de 0°C si l'hygrométrie est suffisante.

Les larves L3 sont ingérées par le cheval avec des végétaux verts ou de l'eau de boisson. Elles se débarrassent de leur enveloppe dans l'intestin grêle et pénètrent au travers de la muqueuse intestinale où elles vont commencer leur migration. Cette migration va suivre des chemins différents en fonction de l'espèce considérée.

Les larves L3 de Strongylus edentatus ("Strongle hépato-péritonéal") traversent la paroi intestinale et par voie sanguine vont gagner le foie où elles muent en larves L4. Ces larves L4 vont ensuite migrer vers le péritoine entre les feuillets des ligaments hépatiques et envahir la paroi du flanc en position sous-péritonéale. Dans cette localisation, les larves forment une masse oedémateuse dans laquelle elles évoluent en pré-adultes qui vont cheminer vers les parois du caecum et du côlon. Ces pré-adultes vont retourner vers la paroi intestinale où ils forment des nodules (essentiellement au niveau du caecum et du côlon) qui libéreront les parasites dans l'intestin où ils évolueront en adultes en 6 à 8 semaines.

La période prépatente est de 11 mois.

Les larves L3 de Strongylus equinus ("Strongle hépato-pancréatique") pénètrent dans la paroi du caecum et du côlon et forment un nodule sous-séreux et muent en larves L4 au bout de 2 semaines. Ces formes L4 traversent ensuite le péritoine viscéral pour migrer vers le foie au travers de la cavité péritonéale. Elles séjournent en moyenne 16 semaines dans le foie avant de se transformer en pré-adultes. Ces adultes immatures retournent ensuite vers le gros intestin en passant au travers du pancréas, qui est en contact avec le caecum et le côlon au niveau du hiatus de Winslow.

La période prépatente est de 9 mois.

Biologie de Triodontophorus spp.

Bien que morphologiquement rattaché aux Strongylinae, le cycle évolutif de Triodontophorus présente de grandes similarités avec celui des petits strongles ou Cyathostominae. Les adultes ont une taille voisine de celle de Strongylus edentatus. Ils sont fixés à la muqueuse du côlon par un appareil buccal puissamment armé de dents et sont hématophages.

La première partie du cycle (de l'œuf à l'absorption de la larve L3 par le cheval) est similaire. Comme pour les cyathostomes, les larves L3 pénètrent au travers de la muqueuse intestinale mais leur migration va se limiter à la séreuse et elles vont muer en larves L4 qui donneront naissance à des pré-adultes puis à des adultes. Du fait de migrations très limitées, leur pouvoir pathogène est moins important que celui induit par le genre Strongylus. Les Triodontophorus sont rarement isolés, on les trouve associés aux grands et petits strongles. Ils interviennent alors en augmentant les lésions et la pathogénicité de ces autres parasites.

Epidémiologie

- Epidémiologie descriptive:

Les strongyloses digestives à "Grands Strongles" sont observées dans toutes les catégories d'âge. La gravité des signes cliniques est plus importante chez les jeunes équidés. Les signes cliniques apparaissent surtout en hiver, mais différents stress (poulinage, babésiose, carences alimentaires) peuvent augmenter la sensibilité des animaux.

- Epidémiologie analytique:

Les sources de parasites sont représentées par les chevaux infestés qui éliminent des œufs de strongles dans leurs fèces et par la survie des larves L3 infestantes dans les pâturages. La présence des larves L3 dans les prairies est maximale en fin de printemps et minimale durant l'hiver. Les poulains peuvent se contaminer très précocement et cette contamination, bien que plus fréquente à l'extérieur, peut parfois avoir lieu au box dans le cas de litières mal entretenues.

Etude Clinique

- Symptômes:

La localisation des larves de S. edentatus au niveau du péritoine du flanc droit, entraîne des douleurs locales, une démarche hésitante avec une appréhension à mobiliser le postérieur droit. On peut observer des coliques sourdes, l'animal "auscultant" son flanc droit, d'où la dénomination de "péritonite parasitaire". Lors d'infestation massive, les signes de péritonite peuvent être importants: ventre dur, douleur intense, l'animal peut mourir en état de choc. A l'autopsie, les trajets migratoires inflammés et nombreux, sont visibles le long du flanc droit. Des larves peuvent y être observées.

L'infestation à S. equinus est souvent plus discrète et peu de signes cliniques nets sont observés. Du fait des migrations tissulaires des larves, une nette éosinophilie est observée.

Lors d'infestation massive chez le poulain, la strongylose digestive peut provoquer des signes cliniques plus marqués: retard de croissance, amaigrissement, pica, diarrhée nauséabonde, coliques à répétition. Ces signes cliniques vont s'aggraver en l'absence de traitement et entraîner la mort par cachexie.

- Lésions:

La présence d'adultes fixés à la muqueuse intestinale provoque la formation d'ulcérations et d'hémorrhagies locales. Il s'en suit une anémie, une hypoprotéinémie et des modifications des capacités de résorption des nutriments.


Photo Laboratoire Mérial


La migration des larves entraîne des lésions de sclérose et de fibrose du parenchyme hépatique avec formation de kystes pancréatiques (S. equinus) ou d'oedèmes hémorrhagiques au niveau péritonéal (S. edentatus). La migration des larves à la surface du foie se caractérise par l'apparition de villosités fibreuses de plusieurs millimètres de long sur la capsule de Glisson. Cette lésion d'hépatite villeuse, pathognomonique, est fréquemment observée sur les foies de chevaux à l'abattoir. Ces mêmes villosités peuvent être notées sur la paroi interne du flanc droit et permettent un diagnostic lésionnel. Une hypertrophie des noeuds lymphatiques mésentériques est souvent observée. Dans de rares cas, des larves erratiques de S. edentatus peuvent se retrouver au niveau de la vaginale testiculaire et provoquer une orchite.

L'émergence des pré-adultes de la muqueuse intestinale entraîne la formation de nodules remplis d'un magma nécrotique.

- Diagnostic:

Le diagnostic clinique est difficile à réaliser, les symptômes n'étant pas caractéristiques. Dans la grande majorité des cas les infestations à strongles digestifs sont mixtes et associent grands et petits strongles. Une forte suspicion de strongylose digestive sera formulée lors de surpâturage, de traitements anthelminthiques peu réguliers, de perte de poids ou de mauvaise croissance, d'anémie, etc.

Les examens coproscopiques ne permettent pas de différencier morphologiquement les œufs de S. edentatus ou S. equinus de ceux des autres strongles digestifs.

La coproculture permet le développement des larves infestantes L3 dont la diagnose est beaucoup plus aisée.

Méthodes de lutte

- Traitement anthelminthique:

La plupart des anthelminthiques sont actifs contre les "Grands Strongles" et les phénomènes de résistance vis-à-vis de ces parasites sont rarement observés. Les benzimidazoles, le dichlorvos et les macrolides antiparasitaires (Ivermectine et Moxidectine) sont efficaces contre les larves en migration et les adultes de "Grands Strongles". Le pamoate de pyrantel, non absorbé par voie digestive, n'a qu'une action adulticide.

- Prophylaxie:

Les traitements ont surtout pour but de réduire la population parasitaire pour limiter la contamination des pâturages. Le rythme des traitements à entreprendre dépendra des molécules utilisées. Par exemple le traitement au pyrantel et aux benzimidazoles est recommandé toutes les 4 à 6 semaines. Pour les macrolides antiparasitaires cet intervalle pourra être de 8 à 12 semaines selon les conditions épidémiologiques.

Sur un plan pratique, valable dans les zones tempérées, les périodes essentielles de traitement doivent coïncider avec les époques où la contamination des pâturages sera maximale, c'est à dire au printemps et en début d'été.

- Interventions dans le milieu:

Il faut bien sûr éviter le surpâturage et pratiquer la rotation des pâtures surtout après chaque traitement de façon à limiter les risques de ré-infestation par les larves L3 présentes.

Les strongles digestifs des équidés étant spécifiques d'espèce on peut utiliser les pâturages contaminés pour les ruminants.

Bibliographie :

Ducos de Lahitte J et Havrileck S., Strongyloses équines à S. equinus et S edentatus. Point Vét., 1990, 21 (126); 859-967.
 
  

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