Forum cheval
Petits Strongles du cheval dossier 1cheval.com
 
Accueil / Cheval / Parasites internes / Petits Strongles

Principaux parasites internes du cheval

Les petits strongles ou cyathostomes représentent actuellement le parasitisme intestinal le plus important rencontré dans l'espèce équine. Principalement pathogènes à l'état larvaire et localisés essentiellement dans la muqueuse intestinale, leur présence en très grand nombre entraîne des syndromes diarrhéiques sévères ainsi que des coliques.

Généralités :

Pendant très longtemps les recherches en parasitologie intestinale équine se sont focalisées sur la famille des "Grands Strongles". Avec l'utilisation d'anthelminthiques modernes très efficaces sur cette population parasitaire, la prévalence de ces "Grands Strongles" et les lésions correspondantes ont fortement diminué. De ce fait les signes cliniques liés aux cyathostomes ont pu être mieux identifiés et de plus amples recherches sur ces parasites ont pu être entreprises.
Plus de 50 espèces de cyathostomes existent, mais moins de 12 sont fréquemment observées et l'on considère que 5 espèces représentent 80 à 90% de la population totale des cyathostomes pathogènes chez le cheval.

Les cyathostomes font partie de la sous-famille des Cyathostominés, de la famille des Strongylidés et de l'ordre des Nématodes. Il existe 13 genres de cyathostomes renfermant plus de 40 espèces différentes.

Parmi les espèces les plus fréquentes on peut citer:

- Cyathostomum catinatum : "coronatum" "pateratum"
- Cylicostephanus longibursatus : "calicatus" "minutus" "goldi"
- Cylicocyclus nassatus "leptostomus" "insigne"
- Poteriostomum imparidentatum

Espèces affectées :

Tous les équidés: chevaux, poneys, ânes, mulets, zèbres.

Répartition géographique :

Parasites très fréquents et cosmopolites rencontrés en Europe, Amériques du Nord et du Sud, Afrique, Asie, Australasie.


Photo Laboratoire Mérial


Importance :

Le taux de prévalence pourrait atteindre 100% aux Etats Unis, 72% en Australie, plus de 80% en France, 80% en Grande Bretagne, 74% en Pologne, 100% au Brésil, 36% en Suède, 36% en Belgique. Ces résultats proviennent de publications récentes. Les différences observées sont liées à la taille des échantillons, à l'âge des chevaux ainsi qu'à la saison où ont eu lieu les observations.

Biologie :

Les Cyathostomes, comme tous les strongles du cheval, ont un cycle direct comportant une phase de développement libre, sur le pâturage puis un cycle larvaire avec migrations dans les tissus de l'hôte, durant lequel les larves vont se développer avant de retourner dans le gros intestin et d'y devenir adultes.

Les adultes vivent fixés sur la muqueuse intestinale au niveau du caecum et du côlon. Ils mesurent de 5 à 7 mm de long et 0,18 à 0,23 mm de large. Leur capsule buccale en tronc de cône est équipée d'un nombre variable d'éléments longs, étroits et pointus permettant leur fixation sur la muqueuse digestive. Les adultes représentent moins de 10% de la population totale des larves. Après fécondation, les femelles pondent des œufs qui sont éliminés par les matières fécales.


Photo Laboratoire Mérial


Lorsque les conditions climatiques sont favorables (hygrométrie de l'ordre de 80% et température comprise entre +12° et +30°C, avec un optimum à 25°C), les œufs qui ont été répandus dans les crottins humides se transforment en quelques jours en larves rhabditoïde (L1), puis en larves strongyloïde (L2) qui muent à leur tour sans quitter leur enveloppe en larves strongyloïdes infestantes L3. Cette évolution peut se faire en 2/3 jours en été dans les climats tempérés. On estime que dans des conditions optimales plus de 68% des œufs donnent naissance à des larves infestantes. Ces larves infestantes L3 peuvent survivre longtemps dans le milieu extérieur, même à des températures proches de 0°C. Dans les régions tempérées, les hivers doux n'entraînent pas la destruction de ces larves L3. Les larves L3 migrent des crottins pour envahir l'herbe environnante.


Photo Laboratoire Mérial


Les larves L3 sont ingérées par le cheval avec des végétaux verts. Elles se débarrassent de leur enveloppe dans l'intestin grêle et se localisent au niveau des glandes de Lieberkühn du caecum et du côlon. Elles en traversent le fond et se retrouvent dans la muqueuse et la sous-muqueuse intestinale. Certaines espèces (Cylicocyclus, Gyalocephalus) peuvent atteindre la couche musculaire de la paroi intestinale.

Dans la paroi intestinale, ces larves L3, qui viennent juste d'y pénétrer, sont considérées comme étant à un stade primaire de développement et sont appelées EL3 (Early L3 Stage). Ces larves EL3 vont ensuite s'enkyster dans la muqueuse ou sous-muqueuse intestinale. Leur évolution peut alors suivre 2 voies différentes:

- Soit ces EL3 vont se mettre en hypobiose (elles constituent alors le stade IL3 ou Inhibited L3 Stage) et peuvent rester à l'état quiescent de quelques mois à quelques années. Dans les pays tempérés, ce phénomène est surtout observé pendant l'hiver. Elles pourront ensuite reprendre leur cycle de développement en évoluant vers la forme LL3.

- Soit elles vont évoluer directement en 8/10 semaines vers un stade plus tardif LL3 (Late L3 Stage), puis muer en un stade L4 primaire ou EL4 (Early L4 Stage), puis en LL4 (Late L4 Stage) au moment de leur sortie du nodule kystique.


Photo Laboratoire Mérial


Les formes IL3 enkystées et en hypobiose se montrent insensibles à l'action de tous les anthelminthiques du fait de la mise en sommeil de leur métabolisme. La population larvaire des cyathostomes représente en moyenne plus de 90% de la population totale des cyathostomes. Les larves IL3 enkystées en hypobiose peuvent représenter plus de 50% de la population larvaire totale.

Ce phénomène d'hypobiose est caractéristique de plusieurs parasitoses importantes des ruminants (Ostertagiose, Haemonchose). Il assure la survie de la population en évitant la maturation d'adultes à une période où les conditions climatiques sont défavorables pour la poursuite du cycle. La mise en oeuvre de ce mécanisme proviendrait d'un certain état immunitaire de l'hôte mais également d'une information transmise par les larves L3 absorbées en début d'hiver, par action du froid.

La continuation du cycle et l'émergence des larves enkystées est synchronisée avec l'arrivée du printemps et semble être sous la dépendance du nombre d'adultes présents sur la muqueuse intestinale.

L'utilisation d'anthelminthiques uniquement actifs sur les formes adultes de petits strongles, stimule l'évolution des larves IL3 en hypobiose vers les formes LL3 et L4 qui vont redonner des adultes dans la lumière intestinale.


Photo Laboraoires Mérial


Après leur émergence du kyste, les larves L4 se transforment en Stades 5 ou pré-adultes qui vont ensuite donner la forme adulte.

La période prépatente est en moyenne de 6 à 14 semaines pour le cycle direct sans hypobiose.

Une certaine immunité vis-à-vis des Cyathostomes va se développer lentement, au fur et à mesure des infestations. Cette immunité de type humoral augmente avec l'âge, mais il n'a pas été possible d'effectuer une corrélation positive entre le taux des anticorps produits vis-à-vis des antigènes somatiques des parasites et le niveau de protection contre des reinfections. Par contre certains essais expérimentaux ont montré que des chevaux adultes préalablement contaminés par des cyathostomes se montrent résistants vis-à-vis de reinfestations et ce contre tous les stades parasitaires.

Epidémiologie :

Dans les régions tempérées, les chevaux parasités par les petits strongles vont éliminer une grande quantité d'œufs dès le printemps, période où les larves restées en hypobiose tout l'hiver vont arriver à maturation. Ces œufs vont très rapidement donner naissance à des larves L3 infestantes sur les pâturages. Du fait d'un cycle rapide (6/8 semaines) lorsque les conditions climatiques sont favorables, la recontamination des animaux et des pâturages va aller crescendo jusqu'en juin et même jusqu'en septembre/octobre, si la saison estivale n'est pas trop sèche.

De ce fait la quantité de larves présentes chez l'animal se trouvera à son maximum en automne. Plusieurs observations font en effet état de plusieurs dizaines de milliers de larves des stades EL3 à LL4.

Etude clinique :

- Symptômes :

L'émergence rapide et en masse au début du printemps des larves qui étaient en hypobiose entraîne un syndrome de diarrhée profuse d'apparition très brutale appelé cyathostominose larvaire aiguë. Cette diarrhée, plus fréquente chez les jeunes , est accompagnée d'un amaigrissement progressif, de coliques modérées ou intenses, d'une hyperthermie modérée ainsi que d'oedèmes des membre et des parties déclives du corps. Sans traitement approprié, la mort peut survenir en quelques semaines par cachexie. Dans certains cas, cette diarrhée aiguë peut évoluer vers la chronicité. Si le réveil d'hypobiose se fait essentiellement dès l'apparition d'une température plus favorable, il peut survenir quelle que soit la période à la suite d'une immunodépression passagère des chevaux: stress, mise-bas, entraînement, grippe, etc.

Les lésions de la muqueuse intestinale provoquées par les larves enkystées (on peut compter jusqu'à 600 kystes par cm2 de muqueuse intestinale) peuvent entraîner des troubles de la motilité intestinale et favoriser le développement de coliques.

- Lésions :

Les adultes provoquent des lésions discrètes de la muqueuse intestinale se limitant à de petites ulcérations très superficielles correspondant à leurs sites de fixation.

Les larves enkystées apparaissent comme de petits points gris clairs (1 mm de diamètre) dans la muqueuse rose. L'examen de ces lésions est facilité si la muqueuse est observée au-dessus d'une forte source lumineuse. Dans les formes diarrhéiques, des lésions plus importantes de la muqueuse intestinale sont observées: ulcérations, épaississement, congestion et oedème de la muqueuse intestinale.

- Diagnostic:

Le diagnostic clinique est très difficile à réaliser, les symptômes n'étant pas caractéristiques. Dans la très grande majorité des cas les infestations à strongles digestifs sont mixtes et associent grands et petits strongles. Une forte suspicion de strongylose digestive sera formulée lors de surpâturage, de traitements anthelminthiques peu réguliers, de perte de poids ou de mauvaise croissance, d'anémie, etc.

Les examens coproscopiques ne permettent pas de différencier morphologiquement les œufs de cyathostomes de ceux des autres strongles digestifs. Dans les épisodes diarrhéiques aigus on peut observer la présence de petits strongles dans les matières fécales.

Méthodes de lutte :

- Traitement anthelminthique:

Les benzimidazoles furent les premiers anthelminthiques efficaces et peu toxiques vis-à-vis des formes adultes de petits strongles. Leur activité sur les stades larvaires est très variable à l'exception du Fenbendazole, avec des protocoles et posologies particulières.

Par ailleurs de nombreuses publications font état de résistance importante des cyathostomes vis-à-vis des molécules de la famille des benzimidazoles.

Néanmoins, 3 molécules peuvent être envisagées dans un objectif larvicide : le fenbendazole, l'ivermectine et la moxidectine. La moxidectine (0,4 mg/kg) et l'ivermectine (0,2 mg/kg) sont actives sur les stades L3 invasifs (EL3 avant inhibition), sur les stades enkystés non hypobiotiques (LL3 et EL4) et sur les larves juste émergées. Leur efficacité sur les EL3 inhibées semble très variable.

Le fenbendazole à la posologie de 7,5 mg/kg/j en une fois pendant 5 jours consécutifs serait actif sur tous les stades larvaires y compris les larves EL3. Ce mode d'administration ne possède pas d'AMM en France alors qu'il est enregistré au Royaume Uni et en Irlande. Des récentes publications ont cependant montré une efficacité limitée de ce protocole thérapeutique.

Dans le traitement de la cyathostomose larvaire aiguë, les objectifs sont, d'une part d'éliminer les larves encore enkystées et les formes luminales, d'autre part de contrôler la réaction inflammatoire pariétale et les troubles hydro-électrolytiques liés à la diarrhée. Les chances de succès thérapeutique sont corrélées négativement à la densité de larves dans la muqueuse caeco-colique et aux lésions muqueuses consécutives lors de l'émergence. L'emploi du fenbendazole comme indiqué ci-dessus est recommandé. Cet anthelminthique est associé à une thérapie classique de soutien lors de diarrhée chronique (fluidothérapie, pansements gastro-intestinaux). L'administration de dexaméthasone à doses filées est préconisée par certains auteurs : 0,5mg/kg/j pendant 4 jours puis un jour sur 2 pendant 4 jours puis une dose totale de 4mg tous les 4 jours jusqu'à rémission complète. Les corticoïdes permettent de limiter les phénomènes d'hypersensibilité et donc offrent beaucoup plus d'intérêt que les anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Prophylaxie :

Les traitements à visée prophylactique sont réalisés au printemps (avril-mai) et après la saison de pâturage, en fin d'automne/début d'hiver, lorsque les larves entrent un hypobiose, avec de la moxidectine ou de l'ivermectine aux doses recommandées.

En cours de saison à l'herbage, l'emploi d'anthelminthiques rémanents permet de retarder la ré-excrétion des œufs par les chevaux et donc de limiter la contamination des parcelles. L'excrétion d'œufs de strongles est nulle pendant au moins 8 semaines après emploi de la moxidectine et 4 semaines pour l'ivermectine ; elle atteint le seuil de 200 œufs/g (limite nécessitant une intervention thérapeutique) après plus de 12 semaines pour la moxidectine et 8 semaines pour l'ivermectine.

- Intervention dans le milieu:

Les mesures sanitaires visant à réduire la contamination des herbages sont un complément indispensable à l'emploi des anthelminthiques. La gestion sanitaire du cheptel exige la constitution de lots de chevaux par catégorie d'âge (poulinières suitées, yearlings, adultes autres que poulinières suitées); tous les chevaux d'un lot étant soumis aux mêmes mesures simultanément (pâturage commun, vermifugation par lot, rotation par lot).

Le surpâturage doit être évité ; la densité maximale étant de 1 cheval par hectare. Les rotations de pâtures sont utiles car la quantité de larves infestantes dans l'herbe croît avec la durée de séjour du troupeau sur la même parcelle. Un changement opéré tous les 15 jours sur des parcelles inoccupées pendant 1 à 3 mois entraîne une décontamination notable des prairies, surtout en été .

Le passage de bovins sur les pâtures après les chevaux est une pratique favorable qui permet de rompre les cycles des strongles équins. En effet, les bovins constituent des culs de sac épidémiologique pour la plupart des parasites internes des équidés à l'exception d'un nématode gastrique commun Trichostrongylus axei.

Le fauchage, broyage ou hersage des surfaces par temps chaud et sec favorisent la destruction des larves en les exposant aux rayons solaires. Enfin, le ramassage hebdomadaire des crottins sur les parcelles est une méthode contraignante, rarement réalisée mais qui donne des résultats remarquables. Elle est très facilement applicable pour les paddocks herbeux, qui constituent une zone à fort risque: peu d'herbe, forte concentration de chevaux, sur-contamination.

Bibliographie :

S. Love et al. Pathogenicity of cyathostome infection. Veterinary Parasitology, 1999, 85(2,3); 113-122.

Klei TR et al. Immunity in equine cyathostome infections. Veterinary Parasitology, 1999, 85(2,3); 123-136.
Reinemeyer CR. Current concerns about control programs in temperate climates. Veterinary Parasitology, 1999, 85(2,3); 163-172.
Beugnet F : Méthodes de lutte contre les strongyloses équines. Prat Vet Equine, 1998,30,45-55
Collobert C, Tariel G, Bernard N et Lamidey C : Prévalence et pathogénicité des larves de cyathostominés en Normandie. Rec Med Vet, 1996, 172, 193-200.
Duncan JL et al. Elimination of mucosal cyathostome larvae by five daily treatments with fenbendazole. Vet Record, 1998, 14, 268-271.
Sangster N. : Pharmacology of anthelmintic resistance in cyathostomes : Will it occur with the avermectin/milbecins ? Vet.Par., 1999, 85 : 189-204.
Shillinger D., Hasslinger M-A. : Benzimidazole resistance in small strongyles of horses - Occurrence in germany and strategy for avoiding resistance. Rev.Méd.Vét., 1994, 145 : 119-124.
 
  

LIENS SPONSORISES
   
  

Les dernières annonces

a donner hongre
donation Très
a donner Pure
donne jument LUS
HONGRE DE 8 ANS
A donner cheval